CECI n'est pas EXECUTE 7 janvier 1850

Année 1850 |

7 janvier 1850

Xavier de Ravignan à Alfred de Falloux

Paris, 7 janvier 1850

Mon bien cher et bien aimé vicomte, une chose m'étonne, je vous assure, c'est que j'aie pu, malgré le plus vrai désir et le besoin véritable de mon cœur ne pas vous écrire encore depuis votre départ. J'avais tant à vous dire et à vous redire que mon âme vous avait voué tendresses, reconnaissance affection profonde. Vous êtes si bien de ceux en qui on aime à retrouver, à vénérer les dons de Dieu les meilleurs ! Vous comprendrez que le retard et mon silence se composent de discrétion à votre égard et de l'entraînement journalier des occupations. Je sais d'ailleurs si peu de chose pour vous en rappeler le souvenir. Cependant l'année n'ira pas plus loin cette fois sans vous porter tous les sentiments, tous les vœux de mon cœur. Que le seigneur vous rende bientôt à vos amis, au pays, à la lutte avec des forces abondantes !

Depuis que la Providence vous a éloigné de nous par le devoir de soigner une santé trop fatiguée, les hommes et les choses semblent être plus que jamais en voie de décomposition. Rien ne tient est en marche à l'aventure. Si même en marche. On se scinde, se fractionne et nul ne peut dire où l'on aboutira. La Providence a seule le secret des événements. Plus que jamais elle s'est plue à confondre la raison humaine : les grandes œuvres de Dieu se font ainsi. Espérons donc.

Notre excellent évêque d'Orléans est presque habitué à son nouveau genre de vie : il a réussi à merveille ; ce qui ne pouvait être autrement. Ici1 sans doute il a laissé un grand vide: M. Mollet m'en parlait l'autre jour ; mais en vérité la plus grande gloire de Dieu était dans cette consécration du caractère épiscopal: le bien que ce cher évêque est appelé à faire sera bien autre.                           

Tous nous aurons des actions de grâces à vous en rendre. Et votre précieuse santé comment se trouve-t-elle enfin ? Le climat de Nice, dit-on, vous convient : vos amis témoignent en sa faveur. Il faut bien nous en réjouir malgré l'immense privation de cœur qu'on éprouve en pensant à votre absence.

Touts nos prières vous sont acquises, à vous, à tout ce qui vous est cher. Agréez-en l'assurance avec la tendre expression de mon inaltérable dévouement.

                                                        X. de Ravignan

Notes

1Jusqu'à sa nomination à l'évêché d'Orléans, Mgr Dupanloup exerçait son sacerdoce à Paris.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «7 janvier 1850», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1850, Années 1848-1851, Seconde République,mis à jour le : 18/07/2011