CECI n'est pas EXECUTE 7 mai 1851

Année 1851 |

7 mai 1851

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

Le Bourg d'Iré, 7 mai 1851

Mon cher ami,

Je ne puis assez vous remercier du grand service que vous venez de me rendre dans la personne de mon malheureux cousin et vous pouvez être bien sur que je suis loin de l'estime payé trop cher. J'abrège cependant mon remerciement, pour passer tout de suite à nos affaires publiques. Veuillez faire savoir le plus promptement possible au duc de Valmy et au duc de Lévis que j'arriverai pour la séance de vendredi soir rue de Rivoli1. J'arriverai à 6 heures ½ du soir par une route qui m'est toute spéciale et j'aurai couché à moitié chemin. Je pourrai donc me jeter dans la discussion tout de suite. Nombre de lettres que je reçois me démontrent qu'il y aurait de grands inconvénients à tarder davantage. Je ne puis donc plus hésiter. Comme je verrai tout le monde à la fois dans la rue de Rivoli, le duc de Lévis pensera sans doute comme moi que cela équivaut à ne voir personne. Il comprendra aussi que les 2 heures qui s'écouleront de mon arrivée au commencement de  la séance ne seront pas de trop pour me reposer et me recueillir un peu. Je désirerai donc bien qu'il ajournât notre première entrevue à samedi matin.Je lui promets de ne causer en tête à tête avec qui que ce soit avant d'avoir été me mettre complètement à sa disposition chez lui à l'heure qu'il en fera indiquer par vous. Je descendrai directement chez Mme Swetchine J'y dînerais et si vous pouviez y venir quelques minutes avant 8 heures vous me feriez un bien grand plaisir. Vous aurez la bonté de communiquer les mêmes choses au duc de Valmy et vous lui demanderez son heure en lui faisant connaître celle du duc de Lévis, de façon à ce qu'elles  ne se contrarient pas. Priez bien ces deux messieurs de ne pas me trouver trop maniaque ; qu'ils soient bien convaincus que rien ne me rendrait plus heureux moi-même que de me sentir des forces en proportion avec mon dévouement.

Je suis encore loin, bien loin de là. Si j'avais pu rompre mes rendez-vous angevins de façon à arriver jeudi soir je l'aurais fait mais cela ne se peut plus; et du moment où je suis obligé d'arriver et très probablement de parler dans le même jour je suis littéralement obligé, dans ce très court intervalle, de ne songer qu'à ma tête. Si toutefois le duc de Valmy devait partir le samedi de grand matin, j'irais chez lui de 7h ½ à 8 h. ½ du soir plutôt que de causer l'inconsolable regret de le manquer. Mais je me flatte bien par une foule de motifs, faciles à apprécier par lui, qu'il me donnera une conversation approfondie et à loisir le samedi même. Venant après celle du duc de Lévis elle aura encore plus de valeur pour nous deux et pour le but final de son voyage.  J'ai trouvé l'article de L'Union sur M2, sans <mot illisible> et très froid non comme éloges mais comme ne stimulant pas la curiosité ; il faudra absolument que vous repassiez par là. L'effet serait manqué s'il n'y a qu'un simple succès de lecture. Il faut absolument forcer les Débats3 et L'Ordre4 à s'en occuper et nous y parviendrons qu'en nous en occupant en en occupant beaucoup le public nous-même.

Notes

1C'est dans cette rue que se réunissaient les légitimistes.
2Montalembert sans doute.
3Journal des débats, journal de tendance orléaniste.
4L'Ordre, (avril 1849-janvier 1852), journal quotidien consacré à la défense des principes conservateurs.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «7 mai 1851», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1851, Années 1848-1851, Seconde République,mis à jour le : 02/09/2013