Année 1854 |
11 septembre 1854
Alfred de Falloux à Narcisse-Achille de Salvandy
11 septembre 1854*
Comment, mon cher comte, vous étiez dans le Maine, vous aviez à gagner la Touraine et vous avez brûlé le Bourg d'Iré! Vous méritez d'être bien puni et vous l'êtes! Pendant le temps que vous consacriez à ce forfait, Mgr d'Orléans arrivait sous mon toit prendre 48 h. de repos, que vous eussiez rendues si bienfaisantes et qu'il vous eût fait trouver si bonnes. J'en demeurerai inconsolable jusqu'à ce que Dieu et vous m'accordiez la fortune de cette rencontre et en attendant j'aurais bien poussé la vengeance jusqu'à Valençay. Mais vous pourrez savoir à Orléans, où on vous attend bientôt, si je reste ici par nécessité et de combien de chantiers, je me trouve conducteur à la fois. Enfin, je garde toujours l'espérance de la Normandie et m'y attache de plus en plus.
Espérance et querelle doivent maintenant être mises de côté pour en venir aux conseils de votre constante et généreuse amitié. Vous m'avez si bien prêté tout ce dont il vous est permis d'être prodigué que je suis devenu candidat sérieux1. Voici M. Ancelot enlevé très prématurément2; je commence par le regretter en toute sincérité, mais en me reportant aux pensées d'un héritier, je trouve dans Louis IX3 et dans la mémoire de M. de Bonald4 quelque chose qui m'attire beaucoup et aussi peut-être me justifie. M. Ancelot n'était-il pas aussi loin de son prédécesseur que je le serais du mien?J'attendrais votre réponse sur ce chapitre avant de tenter aucune démarche active ou officielle. Quand on a le bonheur d'avoir des amis comme vous, bien cher comte, on en jouit les yeux fermés, l'esprit en repos et le cœur en sécurité. Au revoir, au revoir.
*Lettre publiée par Paul Bonnefon, Deux élections académiques sous le Second Empire; le comte de Falloux et le poète Jos. Autran, in L'Amateur d'autographes, n° 1 janvier 1911.
