Année 1855 |
12 mars 1855
Louis Molé à Alfred de Falloux
Paris, 12 mars 1855
Mon cher comte, je veux vous rendre compte tout de suite de ma conversation d'hier avec Mr. Guizot. J'en ai été aussi satisfait que possible. Il ne doute pas que l'académie ne vous sache beaucoup de gré de ne pas vous présenter cette fois et il travaillera avec moi à empêcher qu'il se produise dans le prochain scrutin une nouvelle candidature. Il avait vu Mr. de Broglie1 et en avait été parfaitement content2. Mais il m'a ajouté : « Est-il bien sûr que Mr. de Falloux ne fera pas comme Mr. Berryer ; nous ne pouvons plus nommer un légitimiste sans être certains qu'il ne jouera pas le même tour à l'académie ». Nous ne nous tromperons pas vous le voyez en prévoyant les conséquences qu'aurait une démarche faite si légèrement et sans en avoir parlé à aucun de ceux qu'elle pouvait plus ou moins embarrasser ou compromettre. Vous m'autorisez n'est-ce pas à dire, dans l'occasion, que vous n'avez jamais regardé la visite que comme une formalité et une tradition sans signification politique et que l'académie met du prix à conserver ? Avez-vous pensé à écrire à Mr. Villemain que vous vous retiriez pour cette fois, cela est nécessaire, Mr. Guizot le pensait comme moi.
J'espère que le bon air et la paix de vos champs vous auront rendu la santé et que vous nous reviendrez bien mieux que vous n'êtes parti. Recevez toutes les assurances de ma tendre amitié.
Molé