Année 1857 |
28 janvier 1857
Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux
28 janvier 1857
Mon ami, J'ai fait remettre à M. Fontaine1 sous cachet votre manuscrit avec quelques notes ; votre trop confiante amitié m'a inspiré l'outrecuidance de vous les soumettre, mais Dieu merci personne ne saura que vous m'avez poussé à cette témérité. Aussi vais-je vous conseiller encore un changement ou plutôt une addition qui, selon moi, serait heureuse. Par compensation avec quelques-uns de mes retranchements, je voudrais en parlant de l'Algérie que vous fissiez la citation de la première phrase que M. le duc d'Aumale a placé en tête de son charmant livre Des zouaves 2: « Le gouvernement sorti de la révolution de juillet n'avait pas refusé le legs glorieux de la restauration, mais il en était quelque peu embarrassé. » La phrase est excellente à tous égards surtout sous la plume de M. le duc d'Aumale. Ce langage lui fait honneur et c'est pour vous une bonne forme de rappeler la gloire de la restauration.
Laissez-moi vous redire qu'il serait bon de préciser un peu plus la pensée politique de M. Molé pour la réconciliation et l'union dans la famille royale. Vous vous devez cela à vous même et vous ne me le refuserez pas à moi qui suis encore à cette heure d'autant plus activement occupé de la fusion3 qu'on a plus fait pour la rompre.
Au revoir mon ami, je suis à vous de tout cœur.
Berryer