Année 1854 |
14 novembre 1854
Alfred de Falloux à Victor Cousin
mardi, 14 ou 21 novembre 1854*
Cher Mr. Cousin, j'emmène mon irritation de poitrine directement du coin de mon feu au repos plus complet encore et plus sûr de la campagne. Je ne puis le faire sans vous exprimer dans leur entière sincérité mes regrets de ne vous pt aller remercier chez vous. Vous ne douterez pas non plus de l'affliction profonde que me cause la mort de M. de Sainte-Aulaire1. Je perds plus qu'un parent plein de bonne grâce; je perds un ami véritable, chaleureux, plein d'intérêt et de conseils dans toutes les occasions graves où il m'avait été donné de recourir à lui depuis cinq ans. Vous ne vous étonnerez pas que je me crois un titre spécial à le louer, et que pressé par le départ, je vous confie ce sentiment dans mon adieu. Ce que je me reprocherais comme une odieuse inconvenance avec la plupart de vos collègues en une si triste journée, je me le crois permis avec vous précisément parce que vous l'aimiez et l'honoriez autant qu'il vous aimait et honorait lui-même. Veuillez garder à ce billet tout son caractère intime en ne lui répondant pas.
Votre reconnaissant et dévoué, A. de Falloux.
*Lettre publiée par Paul Bonnefon, Deux élections académiques sous le Second Empire; le comte de Falloux et le poète Jos. Autran, L'Amateur d'autographes, n°1, janv. 1911.