Année 1854 |
30 novembre 1854
Alfred de Falloux à Narcisse-Achille Salvandy
30 novembre 1854*
Mon bien cher comte, vous m'avez témoigné une si affectueuse indulgence que je crois vous devoir compte, jusqu'à l'importunité, de mes moindres intérêts académiques. Menacé de nouveau de l'apparition de M. le duc de Broglie, j'ai suivi une méthode qui m'a toujours réussi et qui est toujours aussi de votre goût et de votre école. J'ai été tout droit à la difficulté même; j'ai demandé à A. de Broglie1 la vérité nette sur les intentions de son père2. Voici le texte même de la partie essentielle de sa réponse qui se termine par des vœux très obligeants pour moi: "Mon père me charge de vous faire savoir que cette fois, pas plus qu'en aucune occasion précédente, il n'a l'intention de se présenter pour l'une ou l'autre des places vacantes à l'Académie. Des instances dont il a été très reconnaissant lui ont été faites par des personnes dont la bienveillance lui est précieuse; il n'a pas l'intention d'y donner suite par aucune démarche". Je viens d'envoyer le même extrait à M. Molé et à M. le chancelier3. J'avais écrit aussi à M. Guizot. Je vais écrire enfin à M. Cousin avec la confiance qu'autorise toutes nos relations et toutes ses paroles depuis 1849. Ne me répondez pas, bien cher comte. Je suis avare de votre temps, jaloux de vos forces et en cela même je ne puis me flatter d'être exempt d'égoïsme, car je me flatte d'entendre vos deux prochains discours. Quel magnifique cercle que vous aurez parcouru et fait parcourir à tous les esprits depuis un an! Merci, merci mille fois. A vous de cœur.
A. de Falloux
*Lettre publiée par Paul Bonnefon, Deux élections académiques sous le Second Empire; le comte de Falloux et le poète Jos. Autran, in L'Amateur d'autographes, n°1, janv. 1911.