Année 1867 |
15 novembre 1867
Henri de Riancey à Alfred de Falloux
Paris, 15 novembre 1867
Mon cher ami,
J'ai déjà envoyé à l'impression votre belle lettre et je prenais la plume pour vous exprimer le vif regret que j'éprouvais de n'avoir pas été mis à même par vous de la publier en même temps que la Gazette de France. Une « épreuve » eût été bien facile à me faire envoyer ! Permettez-moi de vous dire que vous vous trompez, singulièrement en croyant que votre lettre contredit en quoi que ce soit mon sentiment personnel et le diapason que je maintiens dans L'Union. Car nous n'avons pas l'ombre d'une « confiance » même « relative » dans la politique impériale. Elle est « dupe » et complice à la fois de l'Italie nous le disons, ce semble, assez clairement. Car de tous côtés je reçois des preuves de la manière très nette dont nous sommes compris. Il faut qu'on nous lise avec des yeux bien prévenus pour s'imaginer que nous trouvons que le « gouvernement fait ce qu'il peut, que son intention est bonne et qu'il finira par sauver le Pape » personne, veuillez le croire, ne s'y trompe et si vous suiviez, avec plus d'attention, - je conçois qu'ils n'en nécessitent guère ! - les journaux de l'extrême gauche, vous le verriez bien. Chaque jour nous sommes nominativement dénoncés comme les plus irréconciliables ennemis de l'Empire : c'est vrai ! Mais au moins en avons-nous le bénéfice. Il nous est pénible de devoir l'attendre de nos meilleurs amis. Votre lettre, mon cher ami, est exactement dans notre diapason et je l'avais dit avant de recevoir celle à laquelle je réponds. Mille remerciements pour la part que vous voulez bien prendre à mes sollicitudes. La résolution de mon second fils prise au moment du plus grand danger et entre les certitudes d'intervention à été irrésistible. Dire que je n'ai pas eu quelque brisement de cœur : ce serait faux. Mais j'ai en revanche été bien heureux de ce sacrifice à la foi de l'honneur !
Adieu cher ami vous voyez que nous sommes plus à l'unisson que vous ne pensiez : mais avais-je besoin de vous le dire, en de telles circonstances ? Croyez à ma vieille et sincère affection.
Henry de Riancey
N'ayant pas de copie de votre lettre, j ne sais si elle a été intégralement reproduite par la Gazette1. Je la donne telle que la Gazette l'a imprimé.