CECI n'est pas EXECUTE 27 août 1868

Année 1868 |

27 août 1868

Charles de Maistre à Alfred de Falloux

Le Boulay-Morin près Evreux (Eure), ce 27 août 1868

Il était bien juste que des lettres de Mme Swetchine à Joseph de Maistre1 fussent mis sous les yeux de l'écrivain qui a si bien parlé de l'une et de l'autre ; et le P.  Gagarin en se chargeant de vous faire parvenir les fragments que je possède de la correspondance de la véritable amie de mon grand-père m'a valu une aimable lettre dont je vous suis bien reconnaissant. Je n'ai jamais oublié que, bien que jeune encore, j'ai eu l'honneur de vous voir en 1848 chez le bon marquis Brignole2, ce noble chrétien qui représentait à Paris la maison de Savoie encore digne de sa renommée, et je serais bien heureux s'il m'était donné d'établir avec vous des relations qui me seraient aussi précieuses qu'utiles. Les traditions de famille sont le plus précieux héritage que nous puissent laisser nos auteurs, aussi je les garde avec soin, et votre nom est aimé à Beaumesnil3 comme du vivant de mon vénéré père4 ; j'ose donc, Monsieur, vous faire la même demande qu'il vous fit lui-même, il y a quelques années, de venir nous voir en Normandie,je serais bien heureux de vous recevoir, vous pourrez à votre aise parcourir les lettres dont vous désirez prendre connaissance et d'autres encore, que j'espère bien publier un jour dans un travail que je médite. J'espère, Monsieur, que ma demande de vous paraîtra pas indiscrète et que vous voudrez bien n'y voir que l'expression des sentiments qui unissent plus que jamais les cœurs catholiques dans ces temps de luttes et d'épreuves. Je suis, Monsieur, avec la plus haute et la plus respectueuse considération votre très humble et très obéissant serviteur.

Ch. de Maistre

Notes

1Maistre, Joseph de (1753-1821), philosophe. Savoyard, il était sujet du roi de Piémont-Sardaigne. Magistrat au Sénat de Savoie comme son père, il quitta la Savoie à l'arrivée des troupes françaises en septembre 1792 et se réfugia en Piémont puis en Suisse. Il publia, en 1797, son premier ouvrage Les considérations sur la France. Rentré en Italie en 1799, il fut chargé par le roi de Sardaigne de le représenter auprès du tsar. Il resta en poste à Saint-Petersbourg jusqu'en 1817. Revenu en Italie, il mourut à Turin. Auteur de plusieurs ouvrages, Essai sur le principe générateur des constitutions politiques (1814), Du Pape (1819) et Les Soirées de Saint Petersbourg (ouvrage publié en 1821 peu après sa mort), De Maistre, comme De Bonald refusa tout compromis avec les principes nouveaux issus de la révolution. Mme Swetchine et Joseph de Maistre avaient lié connaissance en Russie.
2Antonio, marquis de Brignole Sale (1786-1863), diplomate. Il avait été ambassadeur de Sardaigne à Paris.
3Ch. de Maistre était propriétaire du château de Beaumesnil (Eure) hérité de son père.
4Rodolphe de Maistre (1789-1866).

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «27 août 1868», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, Année 1868, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 17/01/2012