1873 |
5 janvier 1873
Rodolphe Apponyi à Alfred de Falloux
Paris, 5 janvier 1873 (9, rue Las Casas)
Je savais par Augustin Galitzin l'heureuse nouvelle de votre prochaine arrivée. Votre lettre d'hier me la confirme et je ne puis assez vous dire ma joie et celle d'Annette de vous embrasser dans 8 jours. Mais vous mettriez le comble à ce plaisir si vous acceptiez la proposition que je vais vous faire. Nous avons au rez de chaussée une excellente chambre (sans calorifère mais avec une excellente cheminée) donnant sur le jardin, par conséquent absolument sans bruit, avec une entrée séparée, ce qui fait que les personnes qui viennent chez vous ne rencontrent personne et ne nous dérangent en aucune façon. Cette chambre haute et aérée, a tous les dégagements désirables et, tout à côté une autre petite chambre, très proprette qui pourrait servir à votre domestique. Ces deux chambres sont inoccupées. Je n'admets donc pas l'excuse de l'indiscrétion. Je regrette seulement de ne pas en avoir une troisième à vous offrir pour votre secrétaire qui sans doute vous accompagnera, mais que vous n'aurez pas de peine à caser dans votre voisinage. Cher ami, ne me refusez pas je vous en conjure ce grand plaisir. Vous serez comme chez vous. Nous ne vous importunerons pas profitant seulement du moment que vous pourrez nous donner. Vous prendrez vos repas avec nous, ou dans votre chambre, comme vous voudrez. Nous passerons la soirée dans votre chambre quand vous ne préférerez pas être seul. Enfin si vous voulez me consoler de n'avoir pu venir au Bourg d'Iré, acceptez ce que je vous offre de tout mon cœur et dites vous bien que vous ne nous dérangez pas mais que vous nous faites à tous les trois un énorme plaisir. C'est vous dire qu'Alex est avec nous et se fait une fête de vous revoir. Je compte sur un aimable OUI par le retour du courrier et vous préviens qu'un refus me choquerait péniblement. A bientôt donc mon fidèle et excellent ami. Je vous embrasse tendrement et vous aime de même.
