1873 |
1er décembre 1873
Numa Baragnon à Alfred de Falloux
Versailles, 1er décembre 1873, Versailles
Cher Mr. et ami,
Je n'ai pas encore pu répondre à votre lettre, mais la terrible situation qui m'est faite excuse tout. Je suis en effet dans une véritable fournaise, obligé de tenir pied à la fois à toutes les questions que soulève, dans ces temps profondément troublés l'administration de notre pauvre pays, et à toutes les difficultés parlementaires que ne nous ménagent pas nos amis.
Votre bonne lettre est venue me donner du courage; j'en ai grand besoin, et je vous demande d'y revenir quelquefois, dussiez-vous m'arracher un sous-préfet à chaque occasion! Car pour votre Lacadaire (?), vous l'aurez1, conseiller de préfecture peut-être, mais enfin vous l'aurez! On ne vous demande qu'un peu de temps, et le peu n'ira pas plus loin, j'ose l’espérer, que la fin de l'année.
Ceci conclu, laissez-moi vous dire que pas plus que vous je n'oublierai le salon du quai d'Orsay où nous avons mis en commun de si chères espérances. Pour la première fois depuis longtemps, nous avions confiance: que sont devenus tous ces rêves, si raisonnables pourtant! Faites-moi savoir, je vois prie, quand vous reviendrez nous voir car si nous n'avons plus maintenant qu'à constater notre commune douleur, il sera bon pourtant que nous nous revoyons, moi pour profiter de vos bons conseils et de votre expérience et vous pour recevoir l'assurance de ma respectueuse affection et de mon plus entier dévouement.
