CECI n'est pas EXECUTE 2 février 1871

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2 février 1871

Rodolphe Apponyi à Alfred de Falloux

Londres, 2 février 1871

Mon bien cher ami, ai-je besoin de vous dire combien mes pensées et mon cœur ont été tendrement et tristement occupés de vous pendant ces derniers six mois et combien j'ai pris part à vos inquiétudes et à vos douleurs. Vous devinez de quel côté étaient mes sympathies et mes vœux. Vous devez donc comprendre ce que j'éprouve en ce moment. Mais ce qui me tarde de savoir c'est comment vous avez traversé ce temps de terribles épreuves1, si vous allez tous bien, si votre petit coin a été préservé des misères de la guerre, si outre vos souffrances, vous n'avez pas eu des pertes de cœur ou des pertes matérielles! Dites moi tout cela le plutôt que vous pourrez car j'ai faim et soif  de vos nouvelles. Quels désastres effroyables et inouïs ! Quelles fautes, mais aussi quelle punition ! Malheureusement elle retombe sur les innocents qui payent pour le coupables. Pauvre France! Comment et quand se relèvera-t-elle de cet abyme ! Deux mors sur moi et les miens. Depuis le mois de mai où Annett est revenue d'Italie nous n'avons pas bougé d'ici. Les événements m'ont empêché de prendre en automne mon congé habituel et Dieu sait quand je pourrais aller voir ma chère mère, qui grâce au ciel, malgré ses 81 ans se porte bien. Ma femme m'a tenu fidèle compagnie pendant tout ce temps où plus que jamais, on avait besoin de sympathie et de consolation. Elle est partie il y a 3 semaines pour Pise afin d'assister aux secondes couches d'Hélène. J'en attends la nouvelle d'un jour à l'autre. Toute la famille B2. est établi dans un château des environs, voulant éviter Rome cet hyver. Voilà encore un triste chapitre cher ami, et qui vous aura causé une peine profonde. Que de choses à nous dire si nous pouvons nous voir. Mais ce sont des sujets qui dépassent les bornes d'une lettre. Alex est avec moi en ce moment et me prie de le rappeler à votre bienveillant et affectueux souvenir. Je vous demande la même grâce auprès de votre chère femme et fille. Que Dieu soit avec vous tous et croyez à mon inaltérable et fidèle amitié.

Notes

1Allusion aux conséquences de la défaite des armées françaises face à l'Allemagne.
2?

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «2 février 1871», correspondance-falloux [En ligne], 1871, Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 31/10/2023