CECI n'est pas EXECUTE 17 septembre 1873

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17 septembre 1873

Edouard Hervé à Alfred de Falloux

Cauterets (Hautes Pyrénées), le 17 septembre 1873

Monsieur,

J'étais à Villers1, lorsque votre lettre m'est parvenue et je me suis empressé de la placer sous les yeux de Monsieur le comte de Paris2, qui a été profondément touché des sentiments qui s'y trouvent exprimés. A ce moment nous nous abandonnions, comme vous, à l'espérance d'un avenir meilleur. Depuis cette époque, nous avons quelques raisons de douter que nous approchions du terme de nos épreuves. Quand j'ai passé par Paris, il y a quelques jours, j'ai trouvé la plupart de nos amis politiques médiocrement confiants dans l'issue de la crise. Je souhaite qu'ils se trompent et que la Providence indique à tous, aux plus haut placés comme aux plus humbles, la route qu'ils doivent suivre pour retirer ce pays du précipice. Votre discours, que j'ai reçu avant de quitter Paris et que je me suis empressé de faire publier, semble refléter les tristes impressions qui dominent en ce moment. C'est du moins ainsi qu'il a été interprété, non seulement par les journaux, mais même par les personnes étrangères au monde politique. L'absence du mot de monarchie, surtout, a été très remarquée et très commentée. Vous ne devez pas vous en étonner : car  vous êtes de ceux dont les paroles ne passent jamais inaperçues.

Je vous aurais répondu plus tôt ainsi que je le devais, si je n'avais été depuis plus d'un mois extrêmement inquiet de la santé de mon unique enfant. J'ai du la ramener de Villers à Paris dans un état assez grave. Toutes mes inquiétudes sont aujourd'hui dissipées, bien que la guérison ne soit pas complète, et j'ai pu m'absenter de Paris, pour une quinzaine de jours, afin de m'occuper de ma propre santé, un peu ébranlée. Votre présence au comice agricole de Segré me fait espérer que vous avec obtenu quelque allègement à vos souffrances. Je serais heureux d'apprendre que la santé de Madame de Falloux s'est raffermie. Rien de plus pénible que le mal dont elle a été atteinte.

Je serai rentré à Paris dans les premiers jours d'octobre. A ce moment on sera mieux fixé, je pense sur ce que nous pouvons craindre ou espérer. Des démarches décisives vont être faites, si je suis bien renseigné, d'ici à peu de jours. Tout bon Français doit souhaiter qu'elles aient un heureux résultat. Veuilles agréer Monsieur, l'expression de mes sentiments respectueusement dévoués.

Hervé

Notes

1Villers-sur-Mer, station balnéaire du Calvados.
2Louis-Philippe Albert, comte de Paris (1838-1894), fils de Ferdinand, duc d'Orléans et petit-fils de Louis-Philippe.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «17 septembre 1873», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, 1873, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 17/05/2013