Année 1859 |
8 juin 1859
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
Mercredi 8 juin 1859
Cher ami,
Vos meilleures nouvelles sont venues consoler en même temps tous les habitants de Rochecotte, dont je faisais parti, et stimuler leurs prières par un commencement d'actions de grâce. J'espérais recevoir une confirmation soit à Angers, soit ici, je n'ai rien reçu nulle part et je ne sais quel augure en tirer. Vous ne m'aurez pas plus oublié dans la douleur que dans la joie. J'espère cependant que c'est la continuation du mieux qui vous aura permis de songer à nous, de vous apercevoir de votre fatigue et de prendre un peu de repos. Voici déjà la municipalité de Milan qui réclame l'engagement jusqu'à l'Adriatique, et une victoire1 qui va, d'ici à peu de semaines mettre par son incomparable éclat, toute l'Europe à nos pieds, et tout ce qu'elle pourra produire encore l'armée contre nous ! ! Pendant ce temps Corcelle soutient sa guerre à laquelle il m'est difficile de penser sans rire, quoiqu'elle ait son côté bien sérieux et que je lui en rends certainement tout l'hommage qu'il mérite. Les nouvelles de Caradeuc sont toujours fort attristantes, je m'y rendrai lundi prochain, 15, veuillez calculer là-dessus l'adresse de vos nouvelles dont je suis de plus en plus préoccupé. Mme de Castellane était infiniment mieux que je ne l'ai vu depuis longtemps. La princesse Radziwill2 repartait le lendemain3. Mille et mille tendresses, bien cher ami.
Alfred
J'ai laissé à l'excellent Antoine4 les 120 fr. que je vous devais. Ne me suis-je pas trompé au moins sur le chiffre ?