Année 1859 |
30 juin 1959
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
Jeudi 30 juin 1859
Cher ami,
Je n'ai pas cessé de penser à vous, soyez-en bien sûr, mais j'ai été réellement souffrant ; j'ai été pris, contre ma coutume, d'une vive et assez longue irritation de poitrine et je ne voulais demander aucun secours d'écriture à ma pauvre femme déjà bien assez accablée par ailleurs1. Du reste, vous avez dû recevoir une longue lettre d'elle presque au moment où vous m'écriviez. Soyez sûrs que pas une de vos angoisses ne pas ici sans contre-coup dans nos cœurs, et sans écho devant Dieu. Ma lettre aux Lacombe2 avait pour but les intérêts de l'Ami de la Religion qui sont en effet en grand péril3. Ils me disent qu'ils ont réclamé votre intermédiaire auprès de Lambel4. S'il est accessible à ce genre de charité, veuillez lui offrir d'avance ma reconnaissance et celle de bien d'autres, car l'avortement de cette œuvre serait une honte amère. J'ai un peu plus le droit de le dire, car je viens d'expédier en toute hâte une seconde offrande. Je ne comprends rien à la bonne grâce de l'Union5. Si vous avez cher ami, assez de la liberté d'esprit pour m'envoyer le petit article biographique et la réponse au Siècle, vous me ferez grand plaisir ; vous n'en ferez un plus grand encore si vous ne vous imposez aucun effort et pensez que rien ne me serait plus douloureux que de vous enlever un seul instant à vos plus chères sollicitudes. Je vous embrasse aussi tendrement que tristement.
Alfred