Année 1851 |
18 décembre 1851
Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux
Jeudi 18 décembre 1851
Mon ami, j'arrive à Paris après deux jours d'absence j'y trouve votre lettre ; ne craignez pas de vous sentir en désaccord avec moi et ne prenez pas de découragement, nous ne pouvons être et nous ne serons pas séparés dans cette affaire, il ne s'agit pas du secret de nos conversations, mais de la perfidie avec laquelle M. de Montalembert cherche à exploiter le compte qui lui en a été rendu sincèrement. Il confond l'abstention loyalement et noblement motivée avec la volonté de ne rien faire de contraire aux approbations qui sont demandées à la nation ; et la résolution de ne pas venir en aide au socialisme avec une adhésion à l'empire, j'ai voulu sortir avec lui de ces équivoques. Il m'a écrit le lundi 15 la lettre dont je vous envoie copie et je lui ai fait de la campagne la réponse que je joins ici et qui est aussi transmise à l'Indépendance [belge]1. C'est je crois cette mesure de réserve honorable que nous devons garder en nous tenant en dehors et des hommes qui menacent tout l'ordre social et de ceux qui se font un jeu railleur de toutes les lois. C'est ainsi que nous garderons avec dignité un parti, des principes, une ressource féconde pour l'avenir de la France si la France a maintenant un autre avenir que le Portugal2. Mille amitiés.
Berryer
Relisez l'article de La Bretagne3 dans le Constitutionnel de samedi 13 décembre4.