Année 1851 |
4 septembre 1851
Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux
Augerville par Malesherbes (Loiret), 4 septembre 1851
Mon ami, je voudrais que cette lettre ne vous trouva plus à Nice1 ; vous avez du recevoir de M. le duc de Noailles une lettre qui vous dit et combien nous avons besoin de votre présence et combien il est urgent que vous puissiez causer avec nous et nous aider à préparer des mesures qui peuvent et doivent être décisives. Je suis revenu avant hier soir de Noisiel2 où je m'étais rendu en sortant de Champlâtreux. Vous savez tout ce qui s'est dit en ce lieu, j'ajoute seulement que j'ai du moins trouver M. le duc de Lévis3 fort préoccupé de la situation, de ses difficultés et de l'impossibilité de demeurer dans le mezzo termine4 qui ne terminent rien. Ma conversation avec lui n'a abouti qu'à provoquer pour le 11 septembre une réunion de la conférence où l'on résoudrait les diverses questions avec engagement de faire prévaloir l'avis de la majorité. Combien serait-il regrettable de ne pas vous avoir ! Puis le duc m'engage à faire au plus tôt un voyage en Allemagne, jusqu'à présent je m'y refuse, parce qu'avant qu'il n'y soit lui-même retourné, il ne se conclurait rien qu'ad referendum5. J'exige donc qu'il soit présent. Quant aux journaux on persévère à se dire sans autorité sur eux et sans moyens suffisants de persuasion, il m'a été dit par le duc que M. de S[ain]t Pr[iest] lui avait écrit que puisqu'il devenait une pierre d'achoppement, il ne voulait plus prendre part à rien et qu'il viendrait plus à la conférence ; il aurait même prié à Frohsdorf qu'on voulut bien accepter sa démission. Je crains qu'une réponse gracieuse et bienveillante ne soit présentée à Paris comme une approbation de la politique dissidente. Mon ami, si vous ne venez pas, ce qui serait un grand mal, du moins n'annonçez pas que vous veuillez vous séparer de la conférence ; mais écrivez au plus tôt sur l'extrême gravité de la situation, sur les périls prochains que les intrigues de candidature feront naître, sur la nécessité, sous peine de ruines, de tenir une conduite ferme, [mot illisible] conforme à la lettre de Venise6. M. le comte de Chambord quitte Frohsdorf le 8 septembre et se rend près d'Ischl7 chez l'archiduc d'Este, son oncle8.
Mon ami, soignez-vous cependant et pardonnez-nous de savoir si bien et de sentir si vivement combien vous nous êtes nécessaire. Mille amitiés.
Berryer