Bourg d'Iré, 8 août 1856
Si je ne pars pas pour la croisade, ce ne sera certainement pas votre faute, et je m'en vais montrer vôtre lettre à Melun, que j'attends à toutes minutes, comme j'aurai voulu montrer la précédente à Kerdrel et à Séré1 qui ne sont plus à Rennes ni l'un ni l'autre. Quand à mon action personnelle, nous en causerons à fond quand j'aurai la joie de vous tenir ici ! Je vous félicite bien de vôtre séjour à Fléville2, vos lettres en font venir l'eau à la bouche. Ne m'y laissé [sic] pas tout à fait oublier [sic]. J'ai reçu à Caradeuc, comme un évêque, L'Univers jugé par lui-même3. Il est inutile de vous dire qu'aucun de nous n'y est pour rien et à l'ardeur de l'abbé Sisson4 qui avait été de glace pour le Correspondant vous aurez bien deviné que l'Ami de la religion y était pour beaucoup. C'est selon moi une brochure mal faite, mais un dossier de documents écrasants. L'évêque d'Arras5 va être prochainement suivi de l'évêque de Poitiers6. Ce temps-ci à beau dire et faire il ne peut se soustraire à l'intérêt des questions religieuses et je crois pour mon compte que plus les amis de L'Univers provoqueront l'attention et l'examen, plus la cause de la vérité et du bon sens y gagnera. Je continue donc à écouter et à lire avec un calme qui ne me coûte aucun effort. Mille et mille tendresses.
A. de Falloux
Notes
Henri Marie de Séré (1808-1878), homme politique. Propriétaire légitimiste d'Ille-et-Vilaine, il avait été élu à l'Assemblée législative du 13 mai 1849. Depuis le coup d’État, il était rentré dans la vie privée.
Le château de Lunéville, situé à Fléville-devant-Nancy (Meurthe-et-Moselle) appartient à Alexandre de Lambel, un proche d'Armand de Melun.
Receuil de citations destiné à montrer la mauvaise foi du journal de Veuillot, ce texte collectif non signé, inspiré semble-t-il de Mgr Sibour, archevêque de Paris, montrait l'évolution de L’Univers, partisan, avant 1848, de la démocratie et d'une séparation de l'Eglise et de l'Etat, puis favorable, aprés 1851, à une alliance de l'Eglise et de l'Empire.
Sisson (1825-1910), prêtre. Ordonné en 1849, il fut professeur au petit séminaire de Strasbourg, puis au séminaire de St-Esprit à Paris. En 1854, il devint rédacteur puis directeur de
L'Ami de la Religion, journal religieux de tendance légitimiste créé sous la Révolution. Le journal avait été réorganisé en mars 1859 pour devenir un quotidien de grand format. Curé d'Antony (1862-1875), puis de St Honoré d'Eylau (1875-1889).
Mgr Parisis, Pierre-Louis (1795-1866), prélat. Intronisé évêque de Langres en 1835, puis évêque d’Arras en 1851. Membre de la Constituante et de la Législative, il quitta la vie politique après le coup d’Etat et fut l’un des premiers évêques à rallier le régime, célébrant l’alliance de l’Eglise à la République et apporta son fidèle soutien à Veuillot dans sa lutte contre les catholiques libéraux..
Proches de Louis Veuillot , ces deux évêques sont des ardents défenseurs de L'Univers.
Notice bibliographique
Pour citer ce document
, «8 août 1856», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, Année 1856, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 12/11/2013
