CECI n'est pas EXECUTE 26 décembre 1856

Année 1856 |

26 décembre 1856

Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux

Paris, 26 décembre 1856

Mon ami, si depuis mon retour à Paris je n'avais été souffrant ou absorbé par une multitude d'affaires, je ne me pardonnerai pas d'avoir laissé s'écouler tant de jours sans solliciter de vos nouvelles. Je me suis bien enquis de vous auprès de gens qui n'ont pu me donner que des ouï dire et cependant depuis une semaine on me répète tant que vos yeux sont malades, que je me sens chagrin et inquiet. Rassurez-moi donc au plutôt, et dites-moi ce que vous devenez. Donnez-moi aussi quelques détails sur vos projets et sur la santé de Madame de Falloux1. Ne songez-vous pas à venir ici ? Il me semble qu'avant de mettre la dernière main à votre important discours, il vous sera bon de venir aspirer un peu l'air des esprits. On a eu raison de dire à Jean-Baptiste Rousseau2 : « Faites tous vos vers à Paris et n'allez point en Allemagne » il est de bon goût à Paris de désirer être au Bourg d'Iré mais tout Paris ne peut s'y rendre et vous aurez besoin d'écouter un peu les cent voix de la ville car il faut que vous donniez, ainsi qu'il vous appartient de le faire, entière satisfaction à des milliers d'esprits. Vous savez que Mme de la Ferté3 nous quitte dès les premiers jours de janvier pour six semaines, mais vous a trouverez à Paris dans les quinze jours qui précéderont le jour de votre réception, c'est-à-dire le dernier jeudi de février. C'est à peu près ainsi que les choses sont réglées. Sur l'oeuvre à laquelle votre noble prédécesseur4 a si noblement et si chaleureusement travaillé, j'aurais à vous donner quelques nouvelles que vous ne connaissez peut-être pas. L'ébranlement donné à ces premières assises d'un édifice nécessaire vous imposera le besoin et le devoir de relever les brèches. Mon bavardage vous sera sans doute inutile, mais j'avais désir de causer avec vous pour vous appeler à me répondre et à ne pas laisser sur les derniers mots que le jeune Chairon5 m'a rapportés. J'ajoute cependant que quelques personnes plus considérables ont de vous revoir et de vous parler la même impatience que votre ami. Cet ami pense bien à vous, se tient toujours < mot illisible > à vous, de tête et de coeur et vous embrasse bien affectueusement.

Berryer.

Notes

1Marie Charlotte Rosalie de Falloux, née de Caradeuc (1821-1877), arrière petite-fille de Louis-René Caradeuc de La Chalotais (1701-1788), procureur général du Palement de Bretagne. Elle était depuis 1840 l'épouse d'A. de Falloux.
2Jean-Baptiste Rousseau (1670-1741), poète et dramaturge français.
3Adélaïde Christine Clotilde (1810-1872), mariée en 1829 à Mabire Antoine Fernand, marquis de La Ferté Meung. Elle était la fille du comte Molé.
4Louis Mathieu Molé, mort peu auparavant et auquel Falloux allait succéder à l'Académie française.
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Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «26 décembre 1856», correspondance-falloux [En ligne], Année 1856, Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 12/11/2013