Année 1862 |
6 janvier 1862
Francisque de Corcelle à Alfred de Falloux
6 janvier 1862
Mon cher ami, ma nièce m'envoie la copie de la note relative à la famille de La Tour Maubourg. Je me hâte de vous faire parvenir la rectification dont vous avez besoin. Mme de Corcelle ignore si la marquise de L[a] T[our] M[aubourg]1, mère de Florimond2, de Septime3, de Rodolphe4 et de Mme Andréossy5 était une demoiselle de Thenelles6 ; mais elle sait que Florimond mort ambassadeur à Rome portait le titre de Marquis puisque son père7 était mort en 1830. Septime a été ambassadeur à Rome après son frère, il est mort à Marseille. Quant à Rodolphe, il vit encore. Voilà ce qui est certain. Je reçois de Montal[embert] une charmante lettre, mais des plus mélancoliques. Pour moi, je ne vois pas si en noir. Si l'affaire des Etats-Unis8 s'arrange, le S[ain]t Siège conservera ses états et, selon toutes les probabilités, se relèvera, car il ne pourrait être livré sans compensations territoriales qui exigeraient sans doute une guerre générale que l'emp[ereur] ne veut pas affronter dans l'état qui a suivi la visite réfrigérante du roi de Prusse à Compiègne9 et que le conflit anglo-américain10 pourrait seul changer. Les discours du jour de l'an témoignent qu'il faut compter avec l'esprit de paix et de contrôle. S'il est vrai que rien n'est réglé et que des coups de têtes sont à redouter aussi longtemps que ces affaires d'Italie ne seront pas liquidées. L'Emp[ereur] ne veut à aucun prix d'un congrès et jusqu'à présent, l'Angl[eterre] ni les autres puissances n'ont pas accepté d'arrangements particuliers. Refuser un règlement que voudraient toutes les puissances et un congrès me paraît difficile à la longue. Tout me semble, au dedans comme au dehors, préparer un état de choses où les violentes aventures n'auront plus de chances.
Savez-vous si quelques-uns de nos anciens collègues songent à accepter une candidature dans le cas où le corps législatif serait dissout11 ? G[ustave] de B[eaumont] me le demande, et je ne sais que lui répondre. Je suis porté à croire qu'on lui fait des propositions autour de lui. Ceci entre nous. Je vous fais ma question tout en croyant que les circonstances nouvelles de la dissolution, si elle a lieu, détermineront seules la conduite de chaque personnage, et qu'en attendant, on ne prend d'avance aucun parti. À vous de tout mon cœur.
F. C.
Votre brochure que j'ai relue est excellente.