Année 1863 |
17 janvier 1863
Lucien-Anatole Prévost-Paradol à Alfred de Falloux
Samedi 17 janvier 1863
Monsieur, Je suis bien reconnaissant de la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire. Veuillez croire que tous les avertissements et même tous les jugements sont bien peu de chose en regard de cette approbation et de cette sympathie des honnêtes gens. J'espère bien les mériter toujours mais, si j'ose le dire, je n'ai point la même espérance que vous sur le résultat d'une lutte si inégale contre un pouvoir armé de droits excessifs et n'ayant pas même à s'imposer une apparence de modération puisque l'indifférence publique lui permet tout. Aussi devient-il de plus en plus délicat et la moindre contrariété l'exaspère. Je n'ai rien écrit de si modéré, de si insignifiant même que l’article récemment averti dans le Courrier du Dimanche1. Mais j'avais touché à cette division en circonscriptions électorales dont ils font un si audacieux moyen de gouvernement. Les élections sont tout pour eux ; elles devraient donc être tout pour nous ; vous savez mieux que moi s'il en est ainsi. Je tenterai peut-être l'élection d'Aix-en-Provence2 et le moment venu, j'invoquerai avec confiance votre secours ; une défaite même peut servir. Je serais bien heureux de vous voir à Paris et bien portant. Veuillez croire à ma vive gratitude et à mon respectueux dévouement.
