Année 1868 |
8 juin 1868
Adolphe Thiers à Alfred de Falloux
Paris 8 juin 1868
Mon bien cher confrère
J'ai reçu votre aimable est excellente lettre et j'en suis vivement touché. Je ne doute pas plus de votre zèle pour moi que vous ne doutez du désintéressement que j'apporte à une question semblable. Je ne songe qu'à la cause des libertés nécessaires qui nous réunit tous dans une dans une confession commune de tous les gens honnêtes et indépendant. C'est pour cela que fatigué, et dégoûté, si je pouvais l'être, par la confusion générale dans laquelle nous sommes tombés, je persiste à rester sur la brèche. J'y reste donc et j'y resterai en faisant ce que je pourrais pour soutenir le combat, mais bien dédommagés, si je suis rendu à la retraite, par les douceurs du repos, de l'étude, et de la contemplation des vérités éternelles. Ce que vous me dites de la situation de votre arrondissement est fort sensé, et tellement que je vais me tenir fort en arrière et laisser tomber la chose, à moins que par un zèle extraordinaire les libéraux, ou ceux qui se prétendent tels, ne la fissent renaître eux-mêmes sous le coup des élections. Zèle que je ne vois pas encore éclater. Dans la plus grande partie de la France je crois qu'on sera très ardent, et plus ardent que chez vous. Au surplus on assure que les ministres veulent les élections cette année, mais que l'empereur ne les veut pas et tiendra bon. Ce renseignement vient de la meilleure source. Donc rien avant douze ou quinze mois1. Adieu mon cher ami, comptez sur mon bien sincère attachement et ma bien grande estime.
A. Thiers
Je pars aujourd'hui pour Saint-Germain où nous allons passer l'été. Mon adresse sera : Saint-Germain rue de Versailles, numéro 29 (Seine-et-Oise).
