CECI n'est pas EXECUTE 15 février 1878

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15 février 1878

Alfred de Falloux à Couvreux (abbé)

15 février 1878

Cher Monsieur l'abbé,

Votre bonne lettre nous laisse dans le doute si Boni et Jean1 vont porter leur latin à Paris où le garder à Rochecotte, et nous en sommes bien préoccupés. Ne trouvez donc pas mauvais que nous vous demandions un post-scriptum, et envoyez nous le en deux mots par n'importe quelle plume, si vos souffrances y mettent obstacle pour votre propre compte, car elles entrent bien vivement aussi dans la constante sollicitude du Bourg d'Iré. Et la pauvre mad[ame] de C[astellane] ? Comment se soutient-elle, entre toutes les tristesses que lui apporte chaque courrier de Paris et le cruel spectacle qui l'attend derrière sa porte chez la bonne mad[emois]elle Lecreux ?  Ici, nous n'allons pas trop mal, et mad[ame] de Caradeuc2 ne s'est pas plaint, hier d'une visite à la Douve où elle a trouvé un salon plein d'enfants et de voisins qu'elle avait tenu à aller chercher. Bertou parle, très bas mais très persévéramment, et ne paraît point moralement affaissé. M. Letord ne l'a pas encore vu, et par conséquent ne nous a point encore dit son jugement. Mon frère écrit de Rome avec beaucoup de placidité. Malheureusement il s'applique à rendre ses expressions obscures, par haute discrétion. Cependant il est manifeste que la généralité du sens est favorable aux opinions modérées et aux espérances conciliantes. Il est bien clair que je n'entends pas le mot conciliation au sens condamné, mais au sens permis, et cet apaisement relatif m'a paru, dés les premiers jours, naître de la mort si rapprochée de Victor-Emmanuel3 et de Pie IX4. Il est peu probable que le futur pape soit aussi éloquent que son prédécesseur, et il est presque impossible que l'attitude soit aussi agressive, après qu'on a permis la sépulture au Panthéon du premier roi d'Italie, et que le second roi d'Italie a protégé un conclave qui accepte cette protection. Ne sortirait-il de ces premières circonstances qu'une permission pour les catholiques d'aller aux élections et qu'une sortie quelconque du nouveau Pape dans une des basiliques de Rome qu'il y aurait là tout une situation nouvelle qui rapprocherait le nouveau pontificat des premières années de Pie IX plutôt que des dernières. A qui mad[ame] de C[astellane] attribue-t-elle définitivement le volume sur la duchesse de Doudeauville5 ?

Alfred

Et le chat ?

Notes

1Tous deux sont les fils d'Antoine de Castellane et les petit-fils de Pauline de Castellane. Boniface dit Boni de Castellane (1867-1932) et Jean, marquis de Castellane (1868-1948).
2Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), mère de Marie de Falloux.
3Victor-Emmanuel II de Savoie (1820-1878), prince de Piémont, comte de Nice et roi de Sardaigne de 1849 à 1861, il fut le premier roi d'Italie de 17 mars 1861 jusqu'à sa mort.
4Victor-Emmanuel II était mort le 9 janvier, Pie IX, le 7 février.
5Bénigne-Augustine-Françoise  Le Tellier de Montmirail (1764-1849), duchesse de Doudeauville par son mariage avec Ambroise de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville. L'ouvrage sur la vie de la duchesse auquel fait référence Falloux fut effectivement publié à titre anonyme (Vie de Madame de La Rochefoucauld, duchesse de Doudeauville, fondatrice de la Société de Nazareth, Paris, Lecoffre fils, 1877).

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 février 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, 1878, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 08/02/2012