1878 |
4 avril 1878
Henri Wallon à Alfred de Falloux
Paris, 4 avril 1878
Monsieur le comte, Vous avez autrefois accueilli avec faveur le désir que je vous exprimais d'être un jour votre confrère à l'Académie française. Je me croyais à la veille d'arriver à cet honneur après la mort de M. Guizot1 quand appelé au ministère2 par les suites imprévues d'une crise politique, je dus me rendre aux observations très bienveillantes d'ailleurs de plusieurs de vos confrères qu'il convenait d'ajourner ma candidature. Depuis, plusieurs autres élections ont eu lieu et voici que la mort du tant regretté M. de Loménie3 porte à trois le nombre de places vacantes. Dans ces circonstances il m'est permis peut-être de me rappeler à votre souvenir.
Ma position comme secrétaire perpétuel d'une des classes de l'Institut est délicate et m'impose une certaine réserve. Je ne puis pas compromettre en quelque sorte le titre dont l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres m'a honoré dans les hasards d'une élection qui serait sérieusement contestée. Mais si vous donnez vous même votre agrément aux prétentions que je vous soumets et si vos amis les jugiez en état d'être accueillies, je n'hésiterais plus à me mettre sur les rangs. Je n'hésiterai pas davantage à attendre encore si vous estimez que d'autres combinaisons ont plus de chance de réussir4. Veuillez agréer, Monsieur le comte, l'assurance de mes sentiments respectueux et dévoués.
H. Wallon