1884 |
23 mars 1884
Charles de Mazade à Alfred de Falloux
Paris, 23 mars 1884
Monsieur le Comte,
Je trouve toujours bonnes les occasions de me remettre dans votre mémoire. C'est pour moi un plaisir aujourd'hui de vous envoyer mon livre sur M. Thiers1 qui vient de paraître ; je vous prie d'en agréer l'hommage. C'est une bien faible marque de mes sentiments pour vous. L'histoire marche si vite aujourd'hui que je ne sais vraiment pas si les choses dont je parle dans le livre ne sont pas déjà bien anciennes. Elles peuvent dans tous les cas être instructives, ne fut-ce que pour montrer le chemin qu'on a fait avec les politiques de violence et de hasard. Je veux espérer encore que nous finirons par rentrer dans l'ordre d'où nous sommes sortis depuis longtemps. C'est pour le moment le plus pressant progrès que nous ayons à faire. Vous avez eu peut-être des nouvelles de M. Mignet. Il est dans un état inquiétant. Il a pris un refroidissement compliqué d'un grand âge. Comme il n'y a pas d'amélioration depuis huit jours, il est à craindre que le vie manque par l'affaiblissement2. Si vous êtes ici je vous parlerais d'un livre qui a été présenté à l'Académie pour un prix et qui le mérite, mais sur lequel il y aura combat. Il a pour titre : L'éducation morale civique avant et pendant la Révolution3, par M. l'abbé Sicard4. Recevez, Monsieur le Comte, la nouvelle assurance de mon bien affectueux dévouement. Charles Mazade
