1879 |
Mai 1879
Alfred de Falloux à Armand de Mackau
Cher Monsieur l'abbé,
Mr de Berthou a reçu votre lettre et je lui ai demandé la permission de vous remercier pour nous tous, en vous demandant aussi les promptes nouvelles de Madame de Castellane, que nos vœux ne peuvent pas parvenir à tenir longtemps sur ses jambes. Qu'aura trouvé et qu'aura dit M. Herpin ?
Nous sommes bien impatients de le savoir. Ici nous voilà hors d'inquiétude ; mais pour combien de temps ?
Je me suis fort réjoui de la démission du Maréchal1. C'est probablement un accélérateur dans la marche des catastrophes ; mais elles sont inévitables dans tous les cas et voilà du moins l'honneur d'un maréchal de France sauvé. C'est déjà trop d'un Bazaine2 et j'ai été heureux de voir du moins celui-ci repousser la capitulation. N'oubliez pas non plus dans votre bulletin Boni3 dont nous sommes tous fort occupés.
La modération de l'évêque de Poitiers ne m'étonne pas du tout : il l'avait fait pressentir dans une lettre publique, à son retour de Rome et je ne doute pas que de son côté le gouvernement français en le présentant à Rome aura pris ses sûretés. Veuillez vous rappeler que quand j'ai eu l’honneur de le nommer évêque je ne l'avais jamais vu et les deux garants de la sagesse auprès de moi étaient le père de Ravignan et le duc de Noailles, bons juges en matière de sagesse, le dernier surtout. Malheureusement ces sagesses-là arrivent trop tard ; j'espère qu'elles seront utiles au nouveau cardinal4 pour son salut ; mais cela ne lui profitera point devant l'opinion publique et je crains bien que cette promotion doublée de celle de l'archevêque de Toulouse5 ne cause une certaine surprise aussi bien pour Rome que pour Paris.
L'abbé Bernard6 ne sait-il pas en quelles mains sont les papiers du P. Gratry, et pourriez-vous le lui demander quand vous lui écrirez pour autre chose. Je voudrais courir après d'excellentes lettres de Mrde Quatrebarbes qui ne peuvent intéresser personne que moi, et j'aimerais fort à les recouvrer.
Surtout, cher Monsieur l'abbé, parlez-nous bientôt de projets pour le Bourg d'Iré et prenez-vous y de loin pour arranger cela avec le bon Dieu.
A. de F.