1881 |
1er mars 1881
Alfred de Falloux à Armand de Mackau
Le Ier mars 1881
Mon cher Armand,
Tout en me pénétrant de gratitude pour la bonne grâce de Mr le curé de St Louis, ta lettre me consterne. Comment se peut-il qu'après tant d’expériences de l'impossibilité, même pour les gouvernements, d'un secret imprimé, les catholiques qui ont tant besoin de se montrer irréprochables et qui se savent surveillés de si près, non pas dans l'Ouest seulement, mais partout, acceptent encore de puériles finesses ? Comment les hommes, que tu crois pouvoir appeler de hautes autorités, ne sont-ils pas encore unanimement arrivés à l'absolue conviction que rien, rien ne peut servir à la défense des catholiques que ce qui peut si porter, s'avouer et se professer au grand jour de la presse et de la tribune ? Non seulement, toute autre voix me semble inutile, ce qui serait peu de choses, mais elle me semble très dangereuse. Quelques catholiques, à force de déclamations insensées durant 25 ans, à force de déclarations de guerre à la société moderne ont provoqué et facilité la persécution actuelle ; n'est-on pas fatigué de leur joug et de leurs procédés ? Rien ne serait vraiment plus décourageant que de voir continuer en recommencer les folies qui nous ont perdus. Je n'ai pu retenir ce cri de mon cœur, mon cher Armand, et je ne t'autorise pas simplement à le répéter à qui tu voudras, mais je t'en prie très instamment.
Au revoir prochain, j'espère. La guérison de Loyde me paraît bien consolidée et je compte m'accorder la consolation d'assister à la réception de Mr Rousse1. A vous trois de tout cœur.
Falloux