CECI n'est pas EXECUTE 16 juillet 1860

Année 1860 |

16 juillet 1860

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

St Gervais 16 juillet 1860

Cher ami,

Vous ne me dites pas la durée de votre séjour à Paris, mais les bonnes œuvres dans lesquelles je comprends Versailles et le merveilleux rétablissement de votre mère me font supposer que je dois adresser ce petit mot à Paris. Je regrette Vincent plus peut-être pour les souvenirs qu'il nous aurait rappeler que pour les services qu'il vous aurait rendus. Un homme déjà attaché à votre famille et plus jeune vous sera probablement plus commode. J'ai hâte que vous en ayez fait l'expérience et que vous vous disiez content, car c'est un genre d'embarras intimes qui joue dans la vie un plus grand rôle qu'il n'en a l'air.

Loyde demande de notre part ce que vous devez faire des secondes photographies : remettez à Marie ce qu'il lui serait agréable d'en avoir et veuillez me garder soigneusement tout le reste avec le portrait originel, afin qu'à mon passage à Paris, je puisse en juger, ayant encore l'artiste sous la main. Il va sans dire que je vous serai bien reconnaissant de faire parvenir, ce qui vous l'avait promis en mon nom. La photographie du portrait qui m'appartient et qui, je le comprends bien aisément, s'accorde mieux avec l'image gravée dans notre propre cœur.

Je continue à croire que S[ain]t Gervais1 m'est et surtout me sera favorable. Je prolonge donc ma cure avec une docilité ponctuelle pour les moindres prescriptions du docteur. J'attends dans quelques jours des revenants de Lucerne2, notamment M. Léopold de Gaillard. C'est alors seulement que j'entreverrai quelque peu clair dans mon mois d'août.

En attendant je supprime toujours la politique pour ne pas me laisser entraîner à quelque écart de correspondance, mais je crois moins que jamais au replâtrage et aux protections bienveillantes dont nous entretiennent les journaux.

Demeurez convaincu, cher ami, que je vous aime infiniment plus que M. Brenier3 n'aime le roi de Naples et le duc de Gramont4 le Pape. Alfred

 

Notes

1Saint-Gervais les Bains, station thermale de Haute-Savoie où Falloux séjournait pour soigner ses crises névralgiques.
2Petite ville de Suisse orientale, devenue résidence d'été du comte de Chambord.
3Brenier, Anatole (1807-1887), diplomate. Ministre des affaires étrangères dés 1831, il fut ministre plénipotentiaire à Naples avant d'être nommé sénateur en 1861.
4Gramont, Antoine Alfred Agénor de (1819-1880), duc de Guiche puis 10e duc de Gramont (1855), prince de Bidache, diplomate et homme politique. Ambassadeur auprès du Saint-Siège depuis 1857, il passe pour être médiocrement disposé à l'égard de la papauté.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «16 juillet 1860», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Second Empire, Année 1852-1870, Année 1860,mis à jour le : 04/04/2013