CECI n'est pas EXECUTE 9 juillet 1858

Année 1858 |

9 juillet 1858

Francisque de Corcelle à Alfred de Falloux

Essay, 9 juillet 1858

Mon cher ami, le pénible silence qui a interrompu toutes nos relations, m'est insupportable. Donnez-moi, je vous prie, de vos nouvelles. Madame de Falloux et votre chère fille sont-elles en bonne  santé ? J'en suis resté aux récits de votre incomparable ami Rességuier  Ils m'ont profondément intéressés, mais voilà deux mois que je n'ai rien su depuis cette bonne visite. J'ai récemment écrit à l'adresse d'Argenteuil aux Marais. R[ességuier]. y est-il encore ? Je me figure que vous êtes tout entier aux soins pieux de votre ouvrage1. Combien j'ai été heureux d'apprendre qu'il serait digne de la sainte qui vous a tant aimé ! Avant mon départ, j'ai fait un pèlerinage à MontMartre et j'y ai bien songé à mon tour. Ce que nous savons par Mme Lenormant2 de l'état de la pauvre princesse de Br[oglie]3 est désolant. Mgr de Poitiers est venu ces jours derniers à Séez ; mais j'ai évité de le voir : il est toujours pénible de ne pas éprouver, en présence d'un évêque, les sentiments de complète sympathie qu'on voudrait avoir. Alexis désirerait savoir si le pr. Aug[ustin] Galitzin croit encore avoir besoin d'une lettre de lui auprès de Mr Brenier. Mr Rivet ne pensait pas que cette démarche put être utile, et vous savez sans doute, qu'il nous a offert lui-même d'autres recommandations, selon lui plus efficaces. Je voudrais, de tout mon cœur, qu'elles le fussent en effet. Soyez assez bon, pour vous informer auprès du pr. Galitzin de cette situation qui nous est un sujet d'intérêt profond. Voilà mon neveu Basle en fort touchante faveur. Je suis charmé de le savoir en si bonne société, et je l'ai prié instamment de s'acquitter en témoignage sincère ; mais je n'espère plus rien de ce côté, du moins au point de vue des combinaisons humaines. La providence est au-dessus ; elle autorise donc la confiance qu'on place en elle. Rien n'est plus légitime, et il est vrai aussi qu'ordinairement elle ne récompense pas l'orgueil. Quand on est médecin de ces grandes souffrances d'amour-propre dont nous voyons les effets, il faut en être exempt soi-même. Or, nous n'apercevons plus que raideur d'un côté et de l'autre croissante antipathie ou méfiance. Le dernier événement n'a fait qu'augmenter la séparation. Tout ce qui m'est revenu à cet égard est lamentable. Adieu, cher ami, offrez, je vous prie, mes biens dévoués hommages à Madame de Falloux, et croyez à mon attachement.

Fr. de Corcelle.

A Rome on a remis, pour moi du P. Fr. Régis4, procureur  de la Trappe, un énorme paquet de documents qui exigeraient une occasion de <mot illisible> jusqu'à Marseille. Connaissez-vous cette occasion ? Le P. fr Régis s'en est embarrassé et me fait beaucoup attendre ce que je désire avoir le plus tôt possible. Ici, nous sommes en paix. Alexis m'a fort engagé à me réunir, pour l'inauguration de Cherbourg à Rév. Louis et d'autres amis. Mais nous ajournons ce voyage pour passer avec lui le mois de septembre en famille.

Notes

1Falloux était en train d'achever la rédaction de son ouvrage sur Mme Swtchine.  
2Amélie Lenormant née Cyvoct. Élevée par sa tante Juliette Récamier, épouse de Charles Lenormant (1802-1859), historien et archéologue. Elle collabora à diverses reprises au Correspondant sous le pseudonyme de Léon Arbeau.
3Pauline Éléonore de Galard de Béarn , princesse de Broglie. Elle avait épousé le prince Albert de Broglie, le 19 juin 1845. Malade, elle mourut le 26 novembre 1860.
4François Régis (né Léon de Martrin-Donos), moine trappiste.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «9 juillet 1858», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire, Année 1858,mis à jour le : 10/08/2012