Année 1860 |
25 janvier 1860
Henri Lacordaire à Alfred de Falloux
Sorèze, 25 janvier 1860
Mon cher ami,
Je vous suis on ne peut plus reconnaissant des démarches que vous avez faites pour l'affaire dont je vous avais entretenu. Selon le conseil qui vous a été donné, je vais me retourner vers la province.
Mgr d'Orléans a écrit une première lettre à laquelle j'ai répondu immédiatement d'une manière qui paraît ne l'avoir pas blessé. Mais il insiste par une seconde lettre que je viens de recevoir, et où il m'énonce plusieurs phrases de mes lettres écrites avant la guerre. Ces phrases, que je crois vraies, quoique un peu dures, ne pourraient qu'être expliquées dans leur sens même et avec des développements qui seraient bien plus graves dans la situation présente et à cause de la publicité préméditée. Je ne vois donc pas jour à satisfaire Mgr d'Orléans, et il en arrivera ce qui pourra. Une protestation banale d'attachement au Saint-Siège serait indiscrète ; un retrait de mes phrases serait une hypocrisie et une imposture ; un travail sérieux et vrai ne ferait que soulever des tempêtes, si respectueux qu'il fût.
Je vous prie instamment de présenter mes hommages respectueux à Mme de Falloux et à Madame votre belle-mère1, dont l'accueil a été si bon pour moi, et auquel j'ai bien peu témoigné ma reconnaissance, tant nous étions à la nage dans votre esprit que celui de M. Ampère.
Je lis toujours Mme Swetchine, dès que je le peux. Ce sont mes meilleurs moments après ceux où je vous écris. Tout à vous cordialement.
Fr. Henri-Dominique Lacordaire, des Fr. Prêch.
*Lettre publiée dans Le Correspondant du 10 juin 1911.
P.S. J'écris à M. de Carné2 qu'on me dit s'abstenir définitivement.