CECI n'est pas EXECUTE 22 août 1861

Année 1861 |

22 août 1861

Henri Lacordaire à Alfred de Falloux

Sorèze1, 22 août 1861

Mon cher ami,

J'ai appris avec bien de la joie que votre santé s'était améliorée aux eaux de Royat2. C'est la nouvelle qui m'est donnée de plusieurs côtés et que vous me confirmez heureusement vous-même dans votre lettre du 16 de ce mois. Il me serait bien agréable de profiter de l'invitation que vous me réitérez de passer quelque temps auprès de vous en Anjou. Assurément rien ne me manquerait ni du côté du cœur, ni du côté des soins, mais j'ai ici le centre de toutes mes affaires et il m'est très difficile de le déplacer. Au point de vue médical aussi, je jouis d'un air très pur plus vif qu'ailleurs à cause du voisinage de montagne et du courant des eaux. Le changement de m'apporterait sous ce rapport aucun bénéfice. Je suis donc résolu à achever ici la saison qui commence à devenir plus agréable par la cessation des grandes chaleurs. Ces chaleurs ont été très fortes depuis un mois et ne m'ont pas été favorables ; mais grâce à Dieu nous en sortons.

J'attends avec impatience les deux volumes de lettres de Mme Swetchine que vous m'annoncez3. À vous dire vrai, j'ai toujours quelques doutes sur le succès de cette correspondance, empreinte d'un certain caractère un peu uniforme et subtil. Vous seul, du reste, avez pu bien en juger. En général, la plupart des correspondances que l'on publie, même des hommes les plus célèbres, ne peuvent se lire que par fragments, et finissent bientôt par fatiguer, à cause du peu d'importance des sujets et du défaut de suite. Il m'a toujours semblé que cent lettres choisies dans la vie d'un homme illustre le feraient mieux connaître et lire bien plus que ces volumes inépuisables où l'on veut envoyer à la postérité leurs moindres billets.

Adieu, mon cher ami, veuillez présenter mes hommages respectueux à Mme de Falloux et à Mme votre belle-mère4, et agréer l'expression de mes sentiments dévoués et affectionnés.

Fr. Henri-Dominique Lacordaire, des Fr. Prêch.

*Lettre publiée dans Le Correspondant du 10 juin 1911.

Notes

1Depuis le 27 juin 1854, le P. Lacordaire s'est vu confier la direction du collège de Sorèze, dans le Tarn.
2Falloux venait de séjourner à Royat, station thermale du Puy-de-Dôme, pour y soigner les névralgies dont il était souvent victime.
3Lettres de Mme Swetchine, publiées par le comte de Falloux, Paris, Didier/A. Vaton,, 1862, 2 vol.
4Marie Émilie Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1821-1877), mère de Marie de Falloux.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «22 août 1861», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, Année 1861, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 06/10/2013