CECI n'est pas EXECUTE 22 octobre 1884

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22 octobre 1884

Armand de Maillé à Alfred de Falloux

22 octobre 1884

Mon cher Falloux, toutes les doléances que Madame de Cumont1 vous a adressées m'ont été envoyés quelques jours auparavant : elle me demandait conseil, et je lui ai répondu en lui indiquant que je pourrais vous écrire en son nom car elle me priait de le faire. Il paraît qu'elle n'a pas été satisfaite de mon billet car je n'ai reçu aucune réponse. Je m'en réjouirais fort si je ne recevais une lettre de Madame de Cumont par votre entremise avec mission de tirer au clair la situation de L'Union de l'Ouest compliquée de celle de Mr et de Mme de Cumont. J'ai obtenu de Lambert de Ste Croix2 la promesse de 1500 f. Madame de Cumont demande a la même source 3500 f, je me refuse absolument à la demande. Je croyais avoir fait un coup de maître en obtenant 1500 f d'autant plus qu'il n'en avait jamais été question et que personne ne pensait a cette ressource. Voici le tableau  des sommes reçus :

Mr de Falloux en juin 2500 f, en août 4000 f  : 6500 f           

Mr de Soland3 en juin 1000 f  

Mr de Villeneuve4 en juin  500  

Mr de Maillé en juin 2500, en juillet 750  3000 f  <sic>  

en abonnement  1500 f     

de Mr de Lambert de Ste Croix promesses  1500 f  

Total 12500   

Madame de Cumont dit ne pouvoir continuer les sacrifices qu'elle fait pour L'Union de l'Ouest et m'annonce comme très prochaine la fin de L'Union de l'Ouest qui cessera de paraître. A ce sujet elle est entrée dans de longs récits de tous ses sacrifices pour L'Union de l'Ouest, je lui ai répondu que j'en étais désolé pour elle mais que je n'y pouvais rien, que je continuerais  ce que j'avais fait cette année c'est-a-dire 1500 f d'abonnement et 3000 f de subvention. Madame de Cumont m'a ajouté "Mr de Falloux a dit qu'il se chargerait de L'Union de l'Ouest mais comment faire?". A cela j'ai dit, assurez vous des intentions de Mr de Falloux et si vraiment il a la générosité de prendre à sa charge les dépenses de L'Union de l'Ouest proposez lui de charger un homme de confiance de suivre la comptabilité de L'Union de l'Ouest et de sortir l'administration du journal de cette série d'emprunts qui sont la ruine du journal et de ses prioritaires.  S'il veut limiter comme moi ses sacrifices et si nos sacrifices sont insuffisants, il faut que L'Union de l'Ouest cesse de paraître, cela sera une très grande perte même pour les Angevins qui ne veulent pas lui donner une subvention et qui s'abonnent à L'Anjou5. Voici ma conclusion: je ne veux pas donner en dehors de mes abonnements qui s'élèvent a plus de 1500 f plus de 4000 f je m'engage à les donner ; pour cette année Madame de Cumont vous présente une note que je vous renvoie s'élevant à 2376 f soit 2400 f, je donnerai 1200 pour que le journal vive jusqu'à l'élection sénatoriale. Comme vous êtes, mon cher Falloux, le plus grand bienfaiteur je vous renvoie lettres et responsabilité mais si vous vous chargez de faire vivre L'Union de l'Ouest, je vous conseille de nommer un administrateur à côté de Madame de Cumont qui malgré ses inconvénients très réels est un administrateur brouillon mais économique. Je suis désolé si L'Union de l'Ouest cesse de paraître à cause de la joie qu'en éprouvera L'Anjou, cela sera un véritable affaiblissement pour les idées modérés et royalistes que nous représentons mais franchement depuis plusieurs années L'Union de l'Ouest est livré au très honnête et intelligent André mais ce n'est pas une lumière et depuis que Cumont s'en désintéresse et n'y écrit plus, le journal est devenu une feuille assez médiocre. Si vous prenez les intérêts du journal L'Union de l'Ouest en mains, je vous donnerai pour cette fin d'année 1200 f et l'année prochaine 4000 f mais si les intérêts du journal doivent être conduits comme ils le sont depuis plusieurs années je devine que le journal disparaîtra. Tout à vous.

A. de Maillé

Notes

1Anne-Céleste de Cumont, née Garreau de Labarre (1833-?), elle avait épousé Arthur de Cumont en 1854.
2Lambert de Sainte-Croix, Charles Louis Marie (1827-1889), juriste, journaliste et homme politique. Président de la Conférence Molé, il avait été un opposant au régime impérial. Collaborateur au Courrier du Dimanche puis au Journal de Paris, il se fit une réputation d'adepte du libéralisme. Élu de l'Aude à l'Assemblée nationale de 1871, il prit place au centre droit.  Devenu un des membres les plus actifs du parti orléaniste, il proposa le fameux septennat personnel que ni la Commission des Trente ni la Chambre ne voulurent adopter. Il vota  pour le ministère de Broglie et contre l'amendement Wallon. Élu sénateur de l'Aude, le 30 janvier 1876, il vota la dissolution de la Chambre et appuya la politique du cabinet du 16 mai. Non réélu sénateur au renouvellement triennal du 6 janvier 1885, il retrouva un siège à la Chambre sur la liste conservatrice des Landes en 1885. L'élection des Landes ayant été invalidée en bloc, il ne fut plus réélu mais resta  l'un des chefs les plus actifs du parti orléaniste.
3Conseiller général du canton de Thouarcé (Maine-et-Loire), Théobald de Soland était un collaborateur de L'Union de l'Ouest.
4Peut-être René Gaston Vallet de Villeneuve-Guibert, comte (1826-1895).
5L'Anjou, journal de l'Ouest est le quotidien fondé en 1883 par Mgr Freppel.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «22 octobre 1884», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Troisième République, 1884,mis à jour le : 12/11/2013