Année 1858 |
10 février 1858
Rodolphe de Maistre à Alfred de Falloux
Rome, le 10 février 1858, Via del Quirinale
Monsieur le Comte,
Je vous dois mille remerciements pour l'obligeance avec laquelle vous avez bien voulu soigner mes intérêts de cœur et retire le portrait de mon père : mon fils Charles1 qui est arrivé à Tome presqu'en même temps que votre dernière lettre m'a dit que Mr Brignole s'était chargé de faire déposer ce portrait chez Me Charles rue du Cherche-Midi, 86, où j'ai un petit pied à terre, c'est là où je compte le retrouver à mon retour. Je n'ai reçu aucun avis de Mr Clopet2, mais je suis bien aise d'avoir évité pour mon petit trésor les brusques allures de commis de chemin de fer, la curiosité des douaniers, et tant d'autres chances d'un long voyage.
Vous me demandez, Monsieur le Comte, d'être informé de mon premier séjour à Paris ; je suis ici décidément jusqu'après Pâques. J'ai réuni cet hiver toute la portion disponible de ma famille pour voir Rome ensemble, et la semaine sainte est naturellement l'objet d'une pieuse curiosité ; après Pâques nous songerons au retour au Piémont, mais il m'est impossible de fixer si longtemps d'avance l'époque où j'irai à Paris, ce ne peut être avant le mois de juin. Je me ferai au reste un vrai devoir de vous prévenir aussitôt que j'aurai un projet arrêté, d'autant plus que je passerai peu de jours à Paris, et je regretterais extrêmement de perdre l'occasion de vous réitérer de vive voix mes sentiments, et l'assurance des sentiments de haute considération avec lesquels j'ai l'honneur d'être.
Monsieur le Comte.
Votre très humble et très obligé serviteur, le Cte de Maistre