CECI n'est pas EXECUTE 21 octobre 1881

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21 octobre 1881

Charles de Mazade à Alfred de Falloux

Paris, 21 octobre 1881

Monsieur le Comte,

Voulez-vous me permettre de me souvenir de vos bontés et de m'en faire un titre dans ma position de candidat a l'Académie française. Je n'ai pas voulu me hâter par respect pour la mémoire des  hommes que l'Académie a en ce moment à remplacer. Je me décide aujourd'hui a me présenter pour l'un des trois fauteuils vacants. Succéder à M. Dufaure, à M. Duvergier de Hauranne1 ou à M. Littré2 serait un grand honneur. Vous ne vous étonnerez pas que je me sois laissé tenter. Je ne sais guère l'art des sollicitations importunes et des obsessions, mais je connais depuis longtemps votre bienveillance pour moi et je n'ai pas besoin de vous dire une fois de plus combien je serais heureux. J'ignore à quel moment aura lieu l'élection. Je ne sais pas si à cette époque vous pourrez être à Paris. Au premier avis de votre arrivée, je me ferais un devoir d'aller vous rendre visite, et en dehors même de toute candidature, je serais heureux de me retrouver auprès de vous, surtout dans de pareils moments.

Recevez, Monsieur le comte, la nouvelle assurance de ma docile et affectueuse considération.

Ch. de Mazade

Notes

1Prosper-Léon Duvergier de Hauranne, (1798-1881), membre du groupe des « Doctrinaires », il collabora au Globe et à la Revue française. Député du Cher de 1831 à 1848, il participa à la campagne des banquets contribuant à la Révolution de Février. Il fut élu à la Constituante et à la Législative, il siégea à droite et combattit la politique de l’Église. Emprisonné après le coup d’État puis libéré, il partit peu après en exil. Rentré en France en août 1852, il se consacra à la rédaction d’une importante Histoire du gouvernement parlementaire en France en 10 volumes et entra à l’Académie française. Après la chute de l’Empire, il avait été un partisan actif de Thiers.
2Émile Maximilien Paul Littré (1801-1881), lexicographe, philosophe et homme politique. Célèbre pour son Dictionnaire de la langue française, sa candidature en 1963 fut âprement combattue par Mgr Dupanloup qui lui reprochait son athéisme. Il sera néanmoins élu le 30 décembre 1871, ce qui avait amener Mgr Dupanloup à donner sa démission en signe de protestation.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «21 octobre 1881», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Troisième République, 1881,mis à jour le : 07/04/2013