CECI n'est pas EXECUTE 3 novembre 1881

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3 novembre 1881

Charles de Mazade

Paris, 3 novembre 1881

Monsieur le comte,  

Votre gracieuse et trop flatteuse lettre me comble au-delà de mes espérances. Je suis accoutumé à vos bontés, il ne me reste plus qu'a désirer que vos sentiments soient partagés par un assez grand nombre de vos collègues. Je n'en désespère pas voyant les bonnes dispositions et comptant sur celles de votre secours. Franchement l'occasion est unique. Il me semble que les trois fauteuils laissés vacants par des hommes ayant touché a la politique ou a l'histoire, c'est bien le moins que l'Académie choisisse un candidat de la même famille si vous me permettez le mot et, cette idée étant admise, j'espère que l'Académie, en me faisant l'honneur de me choisir, pour rendre hommage a la mémoire de M.  Dufaure, ne serait pas considéré comme ayant égaré ses suffrages. Je n'ai jamais compté, vous le savez, permis les solliciteurs importuns. Cette fois, je l'avoue, j'ai un vif désir de succès. Vous trouverez, je le crois, des dispositions semblables aux vôtres chez quelques membres de l'Académie, chez M.  Mignet, chez M. le comte d'Haussonville1. Je n'ai pu voir qu'un instant hier au Sénat M. le duc de Broglie arrivé le matin, et je me suis borné a lui dire que je tenais à aller lui rendre mes devoirs d'une autre façon, chez lui. Je n'ai pas assez de relations avec M. le duc de Noailles, avec M. de Champagny2 pour pouvoir me présenter chez eux autrement que selon les rites officiels, pour remplir une obligation que je ne négligerai pas. D'autres membres paraissent avoir de la bonne volonté pour moi, c'est ce qui m'a été dit. Je me laisse aller, M. le comte, à vous entretenir de cette affaire. Vous ne m'en voudrez pas. Mon excuse est dans les sentiments que je vous connais, dans l'appui que vous voulez bien me donner. Laissez-moi vous renouveler, Monsieur le comte, l'assurance de ma haute considération et de mon affectueux dévouement.

Ch. De Mazade.

Notes

1Haussonville, Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d’ (1810-1884), diplomate et homme politique. Il commença sa carrière de diplomate comme attaché à l’ambassade de France à Rome auprès de Chateaubriand en 1929. Après la révolution de 1830, il continua sa carrière diplomatique à Bruxelles, Turin et Naples. Il avait épousé en 1836 la sœur d’Albert de Broglie, Louise Albertine de Broglie. Ayant démissionné de ses fonctions de secrétaire d’ambassade en 1842, il se fit élire à la Chambre des Députés (collège de Provins). Ayant protesté contre le coup d’état du 2 décembre, il se réfugia quelque temps à Bruxelles. Collaborateur de la Revue des Deux Mondes, il fut l’un des chefs de file de l’Union libérale. Le 29 avril 1869, il fut élu à l’Académie française. Après la chute de l’Empire, il se tint à l’écart de la vie politique. Le 15 novembre 1878, il  fut néanmoins élu, en tant que républicain conservateur, sénateur inamovible.
2Champagny, François-Joseph-Marie-Thérèse Nompère, dit Franz, comte de (1804-1882), écrivain ultra-catholique. Il fut le collaborateur de l’ancien comme du nouveau Correspondant, de L’Ami de la Religion et de la Revue contemporaine. Élu à l’Académie française le 29 avril 1869, en remplacement de Berryer.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «3 novembre 1881», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Troisième République, 1881,mis à jour le : 07/04/2013