CECI n'est pas EXECUTE 4 octobre 1865

Année 1865 |

4 octobre 1865

Camille de Meaux à Alfred de Falloux

Ecotay, 4 octobre 1865

Monsieur,

Depuis le jour où Mme de Meaux1 vous exprimait notre désir et notre espoir de répondre à votre appel, vos projets ont été bien tristement dérangés. Mon grand oncle qui n'a d'autres parents que nous et avait jusqu'à présent fort bien porté ses quatre-vingt trois ans est devenu très souffrant, il nous inspire de vives inquiétudes et son état m'interdit toute absence un peu lointaine et prolongée. Ma femme se réserve pour assister à la profession de sa sœur2 et moi je doute même si je pouvais aller à ce moment à Paris, d'autant plus que la santé de ma mère est aussi toujours faible et vacillante et ne lui permettrait pas de nous remplacer près de mon pauvre oncle. Ai-je besoin de vous dire nos regrets. Ce prix que nous attachions à votre hospitalité dans un pareil moment et les gratitudes qu'elle nous inspire encore ? Toutefois si la réunion du Conseil du Correspondant3 que je sollicitais de vous, devait avoir lieu, je vous prierais de m'en avertir et de m'en indiquer précisement la date ; car alors je ferai tout au monde pour m'échapper. En n'assistant pas au service du Gal Lamoricière, je me prive d'une profonde satisfaction de cœur ; mais en manquant à cette réunion du Correspondant, je croirais me soustraire à une véritable obligation et des lors une impossibilité matérielle pourrait seule m'arrêter. Il me paraît plus que jamais indispensable de nous concerter, et s'il se peut sous vos auspices. Mais quand et comment pourra se réaliser ce rendez-vous ? Voilà mon beau-père4 qui, à notre grande stupéfaction, vient de parler pour l'Espagne lorsque nous croyions qu'il avait entiérement renoncé à ce voyage. Je pense qu'il ne reviendra plus que pour le 6 novembre jour fixé, si je ne me trompe pour la profession de sa fille5.

A travers toutes ces incertitudes, toutes  ces perplexités et tous ces contre-temps, croyez bien, cher Monsieur, qu'il y ait peu de sacrifices auxquels ma femme et moi nous ayons autant de peine à nous résigner que celui d'un voyage en commun au Bourg d'Iré et recevez avec tous ms regrets l'expression de toute notre reconnaissance pour vous et Mme de Falloux.

C. de Meaux

Ma femme craint d'avoir oublié de vous donner l'adresse de son oncle de Mérode6, Château de Trelon, (Nord). Une invitation venant directement de vous lui ferait certainement beaucoup plus de plaisir.

Notes

1Elisabeth de Meaux (1837-1913), née de Montalembert.
2Catherine de Montalembert, la seconde fille de Charles de Montalembert, entré, en 1863, dans les ordres devait, après deux ans de noviciat, faire sa profession de foi de religieuse.
3Léopold de Gaillard ayant décidé d'abandonner la direction du Correspondant, il s'agissat de lui trouver un remplaçant, c'est en défitive Léon Lavedan qui sera choisi.
5La cérémonie des voeux eut lieu le 5 novembre 1865 au couvent de Conflans.
6Sans doute Werner de Mérode (1816-1905), frère aîné de sa mère Anna de Mérode(1818-1904).

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «4 octobre 1865», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, Année 1865, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 08/04/2013