1882 |
10 juin 1882
Guillaume Meignan à Alfred de Falloux
Monsieur le comte,
Je viens vous adresser mes remerciements pour l'envoi que vous m'avez fait des deux beaux volumes : Discours et mélanges politiques1. J'ai souvent pensé que l'école catholique et libérale qui a eu l'honneur de vous avoir à sa tête avec Montalembert et Mgr Dupanloup avait besoin, en présence des attaques dont elle a été et dont elle continue d'être l'objet, d'être mieux connue, et qu'il se pourrait, si les fausses appréciations, les légendes et les calomnies n'étaient pas combattues, qu'elle fut mal jugée par les âges suivants. Votre livre sous une forme qui n'est pas et ne peut être agressive, répond à ce besoin. C'est à des documents de ce genre qu'aura recours l'impartiale histoire. La postérité verra, encore mieux que nos contemporains, ce qu'il y a eu de grand, de sérieux, d'élevé, de vraiment politique, dans les pensées, les actes et les paroles des vaillants catholiques qui ont fait, tout ce que le talent et le courage pouvaient tenter, pour sauver la religion dans le temps de crise que nous traversons. Il est si vrai que nos avions raison en aimant et en défendant la vraie liberté politique et religieuse, il est si vrai que cette voie était bonne et la seule où il convenait des s'engager, qu'aujourd'hui nos plus grands adversaires y sont entrés au moins autant que nous, mais hélas! trop tard. J'ai déjà lu une partie de ces deux volumes. Ils seront votre gloire et votre bouclier. Vous pourrez un jour fermer les yeux sans crainte de l'opinion, de l'histoire, et sur ces livres appuyer votre tête blanchie comme sur l'oreiller de la foi, de l'espérance et de l'honneur. Ils résument, ces livres, toute votre vie politique: elle a été juste et féconde. Hélas! L'armée catholique, aujourd'hui battue et rebattue, a abandonné au milieu d'un suprême combat ses plus habiles généraux.
Agréer, monsieur le comte, l'assurance de mon attachement respectueux.
Guillaume ev dechalons.
