1879 |
7 octobre 1879
Werner de Mérode à Alfred de Falloux
Maiche (Doubs), ce 7 octobre 1879
Mon cher ami,
Votre lettre m'arrive avec une invitation de Mme de Lamoriciere, c'est une double séduction à laquelle je ne résiste plus. Nous quittons Maîche1 le 20. Je resterai un ou deux jours à Paris. Mme de Merode regagnera le Nord et moi je prendrai le chemin de l'Ouest. Puisque vous êtes si aimable, j'irai au Bourg d'Iré dans ce lieu si bien habité puis j'irai prendre au Chillon Mme de Lamoriciere et comme autrefois je la conduirai à Rome, son mari se dévouant à la cause si menacé du S[ain]t-Siège, je l'accompagnerai à cette cérémonie où il lui sera rendu un grand et solennel hommage. Je lis maintenant le Père Tabor et j'ai été bien frappé d'un chapitre intitulé l'insuccès de Dieu. Il y expose que Dieu n'a réussi ni dans la direction des Anges ni dans celle de l'homme ni dans l’œuvre de la Rédemption ni dans l'institution de l'Eucharistie où il est si méconnu. Cela m'a un peu console de nos insuccès, de vos insuccès, de ceux du général, de mon frère2, du duc de Broglie etc. Tout de suite après Nantes, je regagnerai la Belgique où je veux passer avec ma femme le Ier et le 3 novembre sur la tombe de mon pauvre Félix à Rixensart3. Je n'ai pas besoin de vous dire combien je serai heureux de vous revoir de gémir avec vous sur nos insuccès. Nous sommes les derniers survivants de tout un monde qui a disparu, qui disparaît chaque jour davantage. Nous voyons tous les partis jouer successivement à qui perd gagne. M. le comte de Chambord finira-t-il [deux mots illisibles] tant ils démontrent la monarchie par l'absurde. Encore une fois mille remerciements et mille amitiés.
W. de Merode.