CECI n'est pas EXECUTE 24 décembre 1870

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24 décembre 1870

Jules de Bertou à Alfred de Falloux

24 décembre 1870

Cher ami,

Mad[ame] de Cast[ellane] a tenu à vous annoncer elle même la naissance de son petit-fils, c'était son plaisir et c'était bien aussi son droit assurément. Cette bonne nouvelle arrivée ce matin a été suivi d'un complément venu dans la soirée ; trois lettres de Marie1 venant à la fois après une interruption de près de huit jours. La poste du matin a apporté une quatrième lettre de la même origine et aussi fort en retard; mais dans celle d'hier il y en avait une du 14  donnant des nouvelles de son mari2 jusqu'au 11. Elle me dit aussi qu'elle enverra, dès que les postes seront un peu plus régulières, le procès verbal de découvertes faites par la police sur le correspondant du pseudo Fy3. Elle assure que la chose est intéressante et amusante; nous verrons bien. Vous verrez dans le Français un récit de l'envahissement de Tours et de la mort du pauvre Beurtheret4 qui est une véritable fable d'un bout à l'autre. Pas un prussien n'est entré en ville et Beurtheret allait tranquillement de son bureau à l'hôtel de l'Univers quand un obus lui a brisé la tête. A quoi attribué la retraite des Prussiens, probablement à des ordres déterminés par la sortie de Trochu commencée le 21 et poursuivie des jours suivants. Voici une feuille S[ain]t-Cheron qui vous intéressera. Quant à la paix dont on parle souvent, comment la faire si on ne cède pas aux exigences de nos cruels ennemis et comment y cèder. Un pays a-t-il le droit de céder une partie quelconque de ses concitoyens pour se racheter? Quant à moi plutôt boire le calice jusqu'à la lie que jamais consentir à livrer nos frères innocents au joug abominable de ces cruels Teutons! Mad[ame] de Cast[ellane] a reçu ce matin un mot aimable de Mad[ame] Thiers5 pour lui demander de ses nouvelles mais ne donnant pas de nouvelles politiques.  [deux mots illisibles] ma lettre je la ferme après vous avoir embrassé tous les quatre.

Jules

Notes

1Marie Radziwill, fille de Pauline de Castellane.
2Le prince Anton Radziwill, auquel Marie est mariée depuis 1860.
3?.
4Beurtheret, Paul (?-1870), journaliste. Il était alors rédacteur en chef du journal local, L'Union libérale.
5Elise Eulalie Thiers, nés Dosne (1816-1880), épouse, depuis 1833, d'Adolphe Thiers.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «24 décembre 1870», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Troisième République, 1870,mis à jour le : 06/04/2013