1881 |
26 janvier 1881
Gaston d'Audiffret-Pasquier à Alfred de Falloux
Cher et honoré confrère,
Je me suis empressé d'envoyer à son altesse royale la lettre que vous m'avez envoyé ; je vous remercie de vous avoir pris comme intermédiaire, je sais bien que si quelque chose peut adoucira douleur de cette famille1 si éprouvée c'est la sympathie si éloquemment exprimée par vous et ce sentiment de loyalty, comme on dit en Angleterre et qui chez nous hélas ! sont devenus si rares. Ce matin, dans cette lettre chapitre de Dreux où tout parle d'un glorieux passé, on pouvait mieux mesurer encore le chemin parcouru, je me demandais si ce pays si oublieux des services rendus, si infidèle à sa foi, si préoccupé de de ses intérêts matériels, si indifférent à ce qui ne le menace pas directement retrouverait jamais la conscience des conditions sans lesquelles un peuple ne peut éviter la plus honteuse décadence vous avez bien raison, mon cher et honoré confrère, j'ai souvent senti que la bienveillance que vous m'avez toujours témoigné, que l'accord de mes pensées avec les vôtres, nos communs regrets du passé, nos mêmes désirs pour l'avenir étant dans les mécomptes de ma vie........un de mes meilleurs réconforts.
Veuillez agréer, mon cher et honoré confrère, la bien cordiale assurance de mon plus affectueux dévouement.
Audiffret-Pasquier
Je vous écris au milieu de la vie en faveur de la loi sur la réforme judiciaire qui a lieu dans la commission. Encore avec des garanties sociales battues par le flot révolutionnaire. La commission est bonne mais le sénat ! faudrait-il assister encore à une de nos défaillances, à un de ces honteux compromis qui petit à petit se..... toutes les murailles, élargissent toutes les brèches. Avec mes souvenirs personnels, je serai particulièrement sensible à la Note.
