CECI n'est pas EXECUTE 30 mars 1883

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30 mars 1883

Albert de Rességuier à Alfred de Falloux

Paris, 30 mars 1883

Cher ami, quoique les très aimables lignes de M. André1 n'en disent rien, j'ai trop de confiance dans l'exactitude des agents de Monsieur Cochery2 pour n'être pas assuré que vous avez reçu mon billet jeté à la poste, au moment de mon arrivée à Paris, mercredi avant l'heure du départ du courrier. Merci de vos meilleures nouvelles et du double espoir de votre prochaine sortie en voiture et du voyage à Rochecotte la semaine prochaine. Cela nous donne bien des chances de vous voir exercer votre parrainage le 19 ! Je n'ai pas manqué de faire vos commissions à l'aveu dans et j'aime à croire que votre Dilemme sauvera Chantilly3 des fonds qui le menaçaient. Quant à l'Union conservatrice4 il ne me paraît pas qu'elle soit née viable, n'ayant pour le moment, pour principaux adhérents, que Vacherot5, Oscar de Vallée6 et son président7 qui attend, pour se mettre à l'œuvre, les 12 millions qu'il compte recevoir en réponse des demandes qu'il a adressées à M. le comte de Chambord, au duc d'Aumale, et à l'impératrice Eugénie. Cumont a selon moi mille fois raison de publier immédiatement sa brochure et de ne pas la déflorer d'avance par une publication partielle dans l'Union de l'Ouest. Il sera temps de la citer quand elle aura paru et je me charge de faire insérer dans la Défense et même dans le Français, tous les extraits que vous aurez préalablement fait insérer dans le Correspondant. J'ai annoncé vos eaux de Pâques à la jeunesse des deux branches. La seule petite Marie8 m'a parue plus pressée et dés mercredi soir elle était en possession d'une magnifique arche de Noé, renfermant cent animaux qu'elle désirait ardemment et dont elle vous sait un gré infini.

Mille millions de tendresses.

Al.

Soyez mon interprète auprès de Cumont, de l'aimable Dr Farge, de M. René André et aussi d'Ernest, d'Augustine, de Jeanne et de Rose.

J'avais cru jusqu'à présent Florian9 bien petit sire auprès de Lafontaine10 c'est le contraire quand l’Étoile s'en mêle.

Notes

1André, René, secrétaire de Falloux.
2Cochery Adolphe (1819-1900), avocat et homme politique français. Fondateur du journal L'Indépendant de Montargis, il se dévoua durant tout le Second Empire au journalisme. Nommé, le Ier mars 1878, directeur du service des Postes et Télégraphes au sein du sous-secrétariat d’État aux Finances, il fut le premier détenteur du ministère des Postes et Télégraphes créé le 5 février 1879 et occupa  ce poste jusqu'au 30 mars 1885. Élu député du Loiret sans interruption de 1869 à 1888, il siégea au centre gauche jusqu'en 1876, puis avec la gauche républicaine. Il achèvera son mandat pour cause d'élection au sénat en 1888, siège qu'il conservera jusqu'à sa mort.
3Le domaine de Chantilly appartient au duc d'Aumale.
4Cette union regroupait les Bonapartistes, partisans de Jérôme et partisans de Victor, et les royalistes des deux familles, orléanistes et légitimistes, en vue de remporter le plus de sièges aux élections législatives de 1885.
5Vacherot, Étienne (1809-1897), professeur de philosophie et homme politique. Maire du 5e arrondissement pendant le siège de Paris, il fut élu représentant de la Seine en 1871. Membre du centre gauche, il combattit à diverses reprises la politique avancée des républicains. Il vota contre la démission de Thiers et contre le septennat et pour l'amendement Wallon et les lois constitutionnelles. Collaborateur du Figaro, il œuvra en faveur d'une alliance des conservateurs. Il écrivit plusieurs ouvrages dont La métaphysique et la science (1858), Essai de philosophie critique (1864) et La religion (1868).
6Louis René Oscar de Vallée (1821-1892), avocat et homme politique. Entré au Conseil d’État en 1867, il s'était présenté comme candidat bonapartiste aux élections législatives de 1876 dans les Ardennes mais échoua. Le 15 novembre 1878, il fut néanmoins élu sénateur inamovible. Inscrit au groupe de l'Appel au peuple, il œuvra en faveur d'un rapprochement entre les partisans de Jérôme et de Victor. Il conservera son siège jusqu'à son décès.
8Petite-fille d'Albert de Rességuier.
9Florian, Jean-Pierre Claris de (1755-1794), romancier et poète, auteur de très nombreuses fables, il était entré à l'Académie française en 1788.
10La Fontaine, Jean de (1621-1695), fabuliste et poète célèbre de l'âge classique.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «30 mars 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, 1883, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 18/10/2012