1883 |
3 juillet 1883
Albert de Rességuier à Alfred de Falloux
Dieppe, le 3 juillet 1883
Cher ami, nos lettres se sont croisées et je ne veux pas ajourner d'un courrier l'explication que vous me demandez sur nos projets, puisque vous me dites qu'elle peut influer sur les vôtres. Il n'est aucunement question que j'aille rejoindre Geneviève1 à Biarritz, où elle compte passer du 18 juillet au 15 août. C'est à cette époque que je dois, s'il plaît à Dieu, la retrouver à Pérignon2. D'ici là je me propose :
1° d'achever la saison de Berthe3 à Dieppe.
2° de passer à Paris la journée du 13 juillet ;
3° de ramener Berthe et Marie4 à Faye5 et d'y rester jusqu'à la fin de juillet ;
4° de faire, dans les premiers jours d'août, une visite indispensable à Bouligneux6, avec Augustin7 ;
5° Enfin d'aller de Bouligneux rejoindre Paul8 à Sauveterre9 jusqu'au retour des Pérignon.
Avec quelle joie je modifierais ces dates s'il ne fallait que cela pour transformer en réalité l'allusion que vous faites à une chance de vous rencontrer !
Nous n'avons pas eu, un instant, comme votre futur confrère du Soleil, la naïveté de croire au coup d'état aussi sottement que perfidement annoncé par des Houx10 ; mais nous trouvons, comme vous, qu'il y a dans cette affaire, un demi-succès qui ne faut pas méconnaître et qui peut modifier en bien, non seulement le texte de la fameuse encyclique, toujours annoncée11, mais surtout la façon dont elle sera interprétée par le public. C'est déjà beaucoup que Léon XIII trouve mauvais qu'on veuille faire de lui un Pie IX second.
Je me reproche de ne vous avoir pas remercié de la page de Mme de Castellane que vous m'avez envoyée et je ne doute pas que vous ne l'ayez déjà bien remercié de ma part et de celle de Berthe. Mille et mille tendresses.
Al.
Nous attendons une belle journée pour aller faire une promenade jusqu'à Eu, où nous espérons ne trouver que le château12. Les journaux nous apprennent que le châtelain est à Marienbad avec sa fille probablement poursuivre le projet de mariage dont il a déjà été question. Nous supposons que le châtelain est aussi en villégiature.