1884 |
10 janvier 1884
Albert de Rességuier à Alfred de Falloux
Paris, 10 janvier 1884
Cher ami, après vous avoir bien conseillé de ne pas venir je me livre tout entier au bonheur de vous attendre. Dieu veuille ne pas me punir de cette variation par une variation de température ! Je n'ai rien fait dire de vos projets rue de Varenne, dont je pense que le grand rez-de-chaussée doit être fermé, depuis ce matin, pour deux ou trois semaines ; à moins que les bagarres dont Madrid semble menacé1 n'en fasse revenir plus promptement. Je vous félicite, et Rochecotte encore plus que vous, du grand succès de la campagne de Lavedan pour le siège de Tours2. Les décrets sont, dit-on signés et ne doivent pas tarder à paraître. Quant à l'académie, vous en savez beaucoup plus que moi ; mais si je suis tant soit peu informé, il ne faut rien moins qu'un miracle que vous êtes seuls capables de faire, pour barrer le passage à About3. Les faveurs de la rue de Varenne sont toujours, paraît-il, pour les ralliés de l'extrême droite. Le général de Charette4 y a déjeuné avant-hier. Paul5 ne veut pas encore convenir qu'il va mieux, je crois, cependant, qu'il y a une véritable amélioration dans son état. Quel bonheur de n'être plus séparé de vous que par quelques jours.
Al.
L'abbé Lagrange6 rêve de devenir journaliste et s'en croit très capable. Il médite, en attendant, un voyage à Rome, où il voudrait bien aussi vous voir aller !