CECI n'est pas EXECUTE 4 février 1884

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4 février 1884

Albert de Rességuier à Alfred de Falloux

Paris, 4 février 1884

Cher ami, Armand de Gontaut1 est mort dans la nuit de samedi à dimanche et voilà deux jours que j'ai passés, tout entier, soit auprès de ces malheureux parents, soit à dépouiller, avec un ami qu'il en a chargé avec moi, de volumineux dossiers de lettres et de papiers de toutes sortes relatifs aux escapades de sa femme, à leur séparation et à leurs rapports avec leurs deux enfants il a, avant de mourir, fait venir de Belgique celui qui il y a été élevé sous l'influence des Clérambault. Tout ceci sera dit pour vous expliquer le retard et la brièveté de cette lettre. M. Jardry, que je suis allé voir jeudi dernier, était beaucoup plus réservé sur la santé de sa femme et se flattait d'un commencement de convalescence, un peu prématurément, peut-être. Je ne suis pas en mesure de vous renseigner sur l'impression produite rue de Varenne par l'article de Lavedan ; mais j'ai lu dans le Soleil la reproduction d'un article espagnole, démentant absolument la prétendue influence du Comte de Paris sur son beau-frère particulièrement dans la formation du nouveau ministère. La duchesse de Galliera2, à laquelle j'ai fait une visite matinale, me paraît tenir, par discrétion, le passé pour plus mal renseigné que n'importe qui sur les faits et gestes de son hôte. Elle s'est bornée, en ce qui le concerne, à me faire visiter, avec une grande coquetterie de propriétaires, les trois pièces dans la cour vis-à-vis son concierge, qu'elle fait arranger pour le bureau de M. de Beauvoir. J'ai su d'ailleurs par le duc de Fezensac3 que le comte de Paris annonçait son retour pour le 25 au matin et qu'il donnait des rendez-vous pour ce jour même. Vous serez donc, bon gré mal gré, obligés de nous rester quelques jours après votre double revanche du 21. Qui donc, à ce propos, a trahi votre incognito de l'étourdi et du malade imaginaire, auprès de la duchesse de Galliera qui se plaint, très aimablement que vous l'avez dupé ? Paul4 a des alternatives de mieux et de moins bien et invente avec Gabrielle et Dominique des soupes nouvelles pour n'avoir pas l'humiliation de vous offrir toujours la même. Mille tendresses, toujours les mêmes.

Al.

Jardry5 m'a paru presque aussi attrapé que moi de n'avoir pas à corriger vos épreuves.

1Armand Marie Laurent Charles de Gontaut-Biron (1839-1884).

2Marie, duchesse de Galliera, née Brignole-Sale (1812-1888). Son hôtel était situé au 57 de la rue de Varenne. C'est aujourd'hui l’hôtel Matignon.

3Montesquiou-Fezensac, Philippe, duc de Fezensac (1843-1913).

4Paul Benoist d'Azy (1880-?), fils de Berthe Benoist d'Azy, la fille d'A. de Rességuier.

5Secrétaire de Falloux.

Notes

1Armand Marie Laurent Charles de Gontaut-Biron (1839-1884).
2Marie, duchesse de Galliera, née Brignole-Sale (1812-1888). Son hôtel était situé au 57 de la rue de Varenne. C'est aujourd'hui l’hôtel Matignon.
3Montesquiou-Fezensac, Philippe, duc de Fezensac (1843-1913).
4Paul Benoist d'Azy (1880-?), fils de Berthe Benoist d'Azy, la fille d'A. de Rességuier.
5Serétaire de Falloux.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «4 février 1884», correspondance-falloux [En ligne], 1884, Troisième République, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 19/01/2015