Année 1861 |
13 juin 1861
Léonille Sayn à Alfred de Falloux
13 juin 1861
Fidèle à ma promesse, je vous envoie, mon cher comte, la lettre de Madame Swetchine que vous désiriez revoir1. Je viens en même temps vous demander de vos nouvelles et vous dire combien j'aurais été attristé à ma visite au Marais d'apprendre que vous étiez si souffrant. Je compte sur votre charité pour me faire écrire comment vous allez maintenant. Nous avons très beau temps ici et tout nous présage un meilleur été que l'année dernière. Puissent les orages politiques ne pas venir troubler les bienfaits de la belle saison. Quant à la mort du grand ennemi2 de la paix publique, je crains bien qu'elle n'apporte à l’Église ni plus de sécurité, ni une bienveillance plus sincère. C'est le démon qui règne et qui aura encore quelque temps raison des bons et des justes. Combien je me réjouis de vous retrouver à Paris, l'hiver prochain ; Rome ne saurait m'aller en ce moment. La placidité des Romains m'impatienterait par trop et ma manière de voir les choses les dérangerait. Il vaut donc mieux attendre de meilleurs jours. Si vous dirigez vos pas vers l'Allemagne cet été, j'espère bien, mon cher comte, que vous n'oublierez pas Sayn3 et ses habitants qui seraient si heureux de vous posséder. Vous connaissez mes sentiments pour vous.
Pesse de Sayn Wittgenstein