1885 |
3 février 1885
Albert de Rességuier à Alfred de Falloux
Paris, 3 février 1885
Cher ami, je n'ai pas besoin de votre cher autographe, de Sens, pour me rappeler votre recommandation d'adresser cette lettre à Ernest Bouin ; mais j'en avais bien besoin pour me consoler, un peu de ne pas faire ce voyage avec vous ! Que n'ai-je pu monter dans votre wagon à la place de ce filou à la rouge et à la noire, dont vous me racontez les exploits, ou à celle du frère fileur qui s'est plus habilement dissimulé et que mon ami Cochery1 a sans doute attaché à votre personne en souvenir du frère fileur2 de Louis Veuillot ! Quel autre pourrait avoir envoyé à tous les journaux d'informations suivantes que je découpe pour vous dans le Soleil de ce matin ?
« M. le comte de Falloux, depuis quelques jours à Paris, est parti hier soir pour l'Italie. Il séjournera pendant quelque temps à Rome, où il doit être reçu par le Saint-Père. » À propos de soleil, nous avons bien remercié le bon Dieu, au numéro 12 et au numéro 75, de celui qu'il a fait luire toute la journée d'hier et qui va, je l'espère réchauffer votre route et vos auberges jusqu'au terme de votre voyage.
Là aussi, vous allez avoir affaire à une partie de rouge et de noir plus dangereuse pour votre bourse que celle qui se joue en wagon et que je redoute d'autant plus, que vous me paraissez disposé à vous laisser dépouiller sans vous défendre. Je me suis bien gardé d'en rien écrire à G. de B. auquel j'ai, fidèlement, expédié la lettre recommandée que vous m'avez laissée pour lui. Ma prochaine lettre à Ernest Bouin, poste restante à Gênes, vous transmettra le désir de la Pcesse W[ittgenstein] touchant au rapport avec le Palazzi Chigi. Lisez dans tous les journaux d'aujourd'hui le récit de la manifestation des étudiants libres penseurs au cours de votre confrère Caro3 et venez à résipiscence ! !
Mille millions de tendresses.
Al.