Année 1862 |
13 novembre 1862
Ernest Naville à Marie de Falloux
Genève, 13 novembre 1862,
Madame,
j'avais appris, par une voie indirecte, que Monsieur de Falloux était de nouveau très souffrant. Votre lettre vient malheureusement me confirmer cette mauvaise nouvelle. La souffrance, je le sais, est doublement pénible lorsqu'elle arrête forcément les travaux de l'intelligence. Veuillez exprimer à Monsieur de Falloux toute ma sympathie. Vous lui direz ensuite que je le remercie de m'offrir une occasion de lui être agréable en quelque chose. Je viens de vous mettre sous bande et vous expédier, en même temps que cette lettre, la brochure adressée au prince de Galitzin. J'ai reçu avec gratitude et avec joie les lignes pleines de bienveillance que Monsieur de Falloux a bien voulu m'adresser, il y a quelque temps. Son approbation de mon petit travail biographique m'a été particulièrement sensible. En faisant toute la part de son indulgence, il restait encore de quoi me réjouir. Je suis toujours à Madame de Swetchine, dans les moments que me laisse des devoirs plus impérieux. Je me fais du bien dans le commerce de cette âme d'élite ; et, lors même que je pourrais précipiter mon travail, je me garderais de le faire. Il est des sociétés dont on ne se sépare pas volontiers. Je lis, je fais des notes, je réfléchis et vois bien des horizons s'ouvrir devant moi. Je ne prévois pas encore quand tout cela pourra aboutir à une rédaction. Dénier agréer, Madame, l'hommage de mon entier respect.
Ernest Naville
