Année 1856 |
12 mars 1856
Francisque de Corcelle à Alfred de Falloux
Mon cher ami,
J'aurai désiré ne m'entretenir qu'avec vous du sujet délicat sur lequel j'ai réservé ma liberté. L'incident relatif à l'article de M. de Metz-Noblat1 suffirait pour me déterminer à cet égard, alors même qu'il ne faudrait pas y ajouter les inconvénients d'une responsabilité collective tels que je les aperçois et les sens. L'instinct, dans la conduite, peut être un argument supérieur à tous les arguments. Il est, dans tous les cas, respectable, en amitié surtout. Aussi, je compte que vous voudrez bien renoncer à votre vilaine comparaison de la Prusse. Songez équitablement à tous les actes de votre vie où le cercle de l'agression, de la neutralité et du concours vous a paru trop étroit. Songez encore qu'une seule cause au monde porte avec elle d'infaillibles garanties et nous oblige à la vie militante : l'Église. Quant aux moyens particuliers, aux querelles d'écoles et interventions laïques, on ne saurait exiger à leur égard le même zèle, car elles sont sujettes à bien des infirmités, au doute, à la contradiction. Ma situation reste donc ce qu'elle doit être : à l'adresse de Rome et en ce qui concerne l'intérêt général, l'attitude temporelle des catholiques, sympathie clairement témoignée pour l'opinion de mes amis. J'ai vis à vis le Correspondant, en dehors de ma surveillance possible, de mes goûts, de mon aptitude, après nos conversations et l'expérience de votre début, amitié, vif intérêt, mais indépendance. M. Mall2 me garantit contre toute remarque malveillante à l'occasion du retrait silencieux de mon pauvre nom. Cela sera mis sur le compte de mes sentiments de famille.
À vous de cœur, mon cher ami.
F. de Corcelle.
