1874 |
7 novembre 1874
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
Cher ami,
La pauvre Marie a bien mal débuté avec le jeune ménage ; elle a été obligée de se coucher avant son arrivée et n'a pu apercevoir les deux visages pleins de fraîcheur et de contentement que hier au soir, c'est à dire 24 heures après leur arrivée. Ma nouvelle cousine nous paraît à tous une excellente acquisition, et Georges vous envoie de très empressés souvenirs. Cumont prolonge jusqu'à demain son séjour en Anjou et m'écrit que les difficultés étant surmontées, la promotion de MM. Langenieux1 et d'Isoard2 paraîtra dans l'Officiel aussitôt après son retour. Il ne restera plus qu'Agen à pourvoir et Cumont3 songe à un Angevin qui n'est pas M. Freppel, et qui n'est pas non plus l'abbé Morel. Pendant ce temps, je fais le plus de tapage que je peux à Corcelle contre un gros volume destiné à l'enseignement des séminaires par un abbé Fèvre4 que Rome vient d'intituler Monseigneur en le nommant protonotaire apostolique. Le duc de Broglie y est traité de prince-épicier (ce qui ne vous déplaira qu'à demi) ; l'évêque d'Orléans de bâtard qui aurait du être exclu des ordres de l’Église, moi de pharmacien débitant de vitriol, et tous ensemble de traîtres et de renégats comparables à Judas. Dans l'Univers puis dans l'Union cela va de soi, mais dans un in-folio doctrinal consacré spécialement au clergé, cela m'a paru mériter le holà. J'entreprends donc une double campagne à Paris et à Rome, pour essayer de faire comprendre que si on continue de ce train on reconstituera certainement le gallicanisme en attendant bien pire. Quand j'aurai des réponses, je vous tiendrai au courant en peu de mots, et si le curé de S[ain]t Patrice a ce volume intitulé "Histoire de l’Église universelle, - suite de Rohrbather" tome XIV, j'engage l'abbé Couvreux5 à lire ou se faire lire de la page 561 à la page 680, puis la dernière page du volume, si comme moi il n'a pas le courage d'en lire davantage.
Mille tendresses.
Alfred.