1872 |
Ier avril 1872
Alfred de Falloux à Couvreux (abbé)
Angers, 1er Avril 1872
Cher monsieur l'abbé,
J'espère que Monseigneur1 a trouvé, en arrivant à Orléans, la liste de notre conseil général, et qu'un peu de repos à l'ombre de sa cathédrale va lui rendre des forces et un courage dont nous avons plus besoin que jamais.
Je ne puis vous exprimer combien j'ai été indigné de la lettre de l'évêque de Versailles2. On comprend, dans une certaine mesure, les passions théologiques ; mais ici c'est du scandale sans excuse et de la violence absolument personnelle3. J'aurais voulu que les hommes les plus autorisés de la majorité fissent une démarche très grave auprès du nonce4, et, en même temps, auprès de l'archevêque de Paris5, afin de bien faire comprendre ou du moins de l'essayer, que ceux qui encouragent de telles démences ou qui pactisent avec elles, assument toute la responsabilité des malheurs qu'ils empêcheront de réparer, après les avoirs si aveuglément provoqués et favorisés. J'ai écrit dans ce sens à mes amis de Versailles ; ils me répondent aujourd'hui qu'ils ont écrit à l'évêque de Versailles lui-même, sans s'expliquer sur le reste. S'ils s'en tiennent là, ils n'auront rien fait, car l'homme qui écrit une belle lettre est absolument incapable de lire ce qu'on peut lui répondre. Veuillez du moins, cher Monsieur l'abbé, dire à Monseigneur combien j'ai été ému de ce déplorable incident, comme je le serai toujours de tout ce qui porte un si grave préjudice à l’Église.
Votre plus reconnaissant dévoué ?
Alfred